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FIFA : Infantino flingue les donneurs de leçon

NAZIM BESSOL (Envoyé spécial à Doha)

Le président de la Fifa, Gianni Infantino, s’en est pris à tous les «hypocrites» et aux donneurs de leçons de morale dans les pays occidentaux, qui critiquent l’organisation au Qatar du Mondial qui s’ouvre aujourd’hui.

Longtemps dans la retenue face à la campagne de dénigrement du mondial qui s’ouvre aujourd’hui, Gianni Infan- tino, assuré d’être à la tête de la FIFA pour les quatre prochaines années à partir du mois de mars 2023, est sorti de sa réserve. «Nous ne réagissons pas à la pression, on agit quand on décide d’agir», a expliqué Gianni Infantino. Hier au Main media center de Doha, l’heure était venue pour lui de contre- attaquer au nom de la FIFA et du pays hôte le Qatar. L’Italo-suisse a, donc, choisi de prendre la posture d’un pré- sident universaliste. «Aujourd’hui, je me sens qatari, aujourd’hui je me sens arabe, aujourd’hui je me sens africain, aujourd’hui je me sens gay, aujourd’hui je me sens handicapé, aujourd’hui je me sens travailleur migrant», a-t-il récité dans cette ana- phore en guide d’introduction. «Cela me renvoie à mon histoire personnelle, parce que je suis le fils de travailleurs migrants», a-t-il lancé. «Je sais ce que cela veut dire d’être discriminé, d’être harcelé, en tant qu’étranger. Enfant, j’étais discriminé (en Suisse) parce que j’étais roux et j’avais des taches de rousseur, j’étais Italien, je parlais mal l’allemand».
Une attaque en règle contre l’Europe. Et le patron du football mondial ne s’est pas arrêté là, puisqu’il n’a pas hésité à faire le parallèle avec la longue évolution des sociétés européennes et notamment la Suisse. «Je reviens souvent sur la question du droit des femme au vote, le droit de vote en Suisse», raconte Gianni Infantino. Le dernier canton suisse, qui a autorisé les femmes à voter, vous savez quand c’était ? C’était dans les années 90, non pas 1890 non ! Je vous parle de 1990. Un droit qui n’a été reconnu que par une décision de justice. La cour suprême suisse a obligé ce canton à re- connaître le droit de vote des femmes, donc ce n’était pas une décision déci- dée ou soumise à un vote», rappelait l’Italo-suisse. Plus largement, le président de la Fifa a tenu à rappeler cer- taines réalités pas trop belles à voir et de comparer la politique migratoire de l’Europe et celle du Qatar.

«Nous devrions nous excuser avant de donner des leçons de morale»

«La politique européenne en matière d’immigration, c’est 25 000 morts… Personne, personne n’a demandé des compensations, leur vie ne vaut rien ! Où va le monde ? Au Qatar, des milliers d’hommes et femmes offrent leur service. Le Qatar offre l’opportunité à ces hommes et femmes de travail- ler légalement. Même des Européens viennent travailler et font vivre leur famille. Ils le font légalement. En Europe, on ferme les frontières et n’autorisent aucun travailleur de ces pays à venir gagner légalement sa vie. Il y a beaucoup de travailleurs illégaux, qui vivent eux aussi dans de mauvaises conditions. L’Europe doit faire ce que le Qatar a fait», peste le patron du football mondial. «Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3 000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3 000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres. Ces leçons de morale sont juste de l’hypo- crisie», a martelé Gianni Infantino.

Hypocrisie

Toujours dans le même registre, le président de la Fifa donnait l’impres- sion d’en avoir gros sur la patate. Il a monopolisé la parole durant près d’une heure avant de se livrer au jeu des questions réponses avec les jour- nalistes. Il a assuré avoir discuté de tout avec les autorités du Qatar y com- pris la question LGBT+ qui semble cristalliser toutes les critiques. «Y’a un cadre légal, tu veux faire quoi ? Rester à la maison, critiquer et insulter les gens», s’interroge Infantino, avant de poursuivre, «c’est une législation qui existait en Suisse. En tant que président de la Fifa, je crois que ça devrait être autorisé, mais il y a des lois. Si je posais la même question à mon père, son point de vue serait différent du mien tout comme celui de mes enfants», explique l’Italo-suisse. «Le changement prend du temps», précise l’intervenant avant de s’attaquer aux grosses multinationales, qui activent au Qatar depuis des années.

«Aider à ce que chacun comprenne l’autre»

«Parmi les grandes entreprises qui gagnent des milliards au Qatar, combien ont réglé la question du sort des travailleurs migrants ? Aucune, parce qu’un changement de législation veut dire moins de profits. Mais nous, nous l’avons fait», a-t-il lancé, avant de s’interroger : «Pourquoi personne ne reconnaît ces progrès ?». Il s’agit d’«ouvrir les yeux des gens sur le monde arabe, nous devons vivre ensemble malgré les histoires et les croyances différentes. Nous sommes dans le même monde, peut-être aiderons-nous à ce que chacun comprenne l’autre», espère Infantino.

NAZIM BESSOL

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