Alors que rien ne laissait présager une telle offensive langagière, le sélectionneur de la Tanzanie, Adel Amrouche, s’est violemment attaqué à son compatriote Djamel Belmadi. Il rejoint la cohorte des aigris qui mènent campagne contre un monument du football national.
Le timing laisse perplexe. Si leurs retrouvailles étaient programmées dans quelques jours, on l’aurait compris. On aurait même eu tendance à arrondir les angles en glissant ces déclarations dans le registre, très large, de la guerre psychologique. Or, qu’une punchline soit lancée à six longs mois d’une rencontre, cela ne s’est pratiquement jamais vu ! Du moins, pas en Afrique, dans le foot- ball entre sélections nationales. Et jamais entre deux techniciens du même pays ! Le fait, inédit, a ainsi de quoi interpeller, sur- tout qu’il intervient dans un contexte où Djamel Belmadi se trouve dans la ligne de mire de beaucoup d’influenceurs de la scène médiatico-footballistique nationale. Que le technicien, passé notamment par l’USMA et le MCA, eut débattu d’une idée de jeu, d’un concept précis ou même de la différence flagrante de talents et de moyens dont disposent chacune des sélections rivales, cela passerait le plus normalement du monde. Mais qu’un entraîneur algérien tacle aussi sévère- ment un autre entraîneur algérien dans un média étranger et qu’il s’attarde sur cer- tains traits de la personnalité de son alter ego, cela relève d’une certaine idée de la méchanceté gratuite qui ne flaire pas bon le haut niveau.
Il l’accuse d’incitation à la haine !
«J’ai eu une très mauvaise expérience, pas à propos du match mais de l’attitude arrogante de l’entraîneur. Il n’était ni ami- cal ni professionnel, ne me respectait pas et ne respectait pas l’équipe nationale du Botswana» a, ainsi, dégainé Adel Amrouche dans une interview à la BBC Sport Africa, avant de prendre carrément le lance-flammes, accusant notamment le champion d’Afrique des nations- 2019 d’incitation à la haine ! «Il a monté le pu- blic algérien contre moi en leur disant que j’avais demandé aux joueurs d’utiliser un jeu rugueux et des mauvaises méthodes, alors que ce n’est pas vrai», tancera à ce propos Amrouche. Le sélectionneur de la Tanzanie a, dans le même entretien, indiqué qu’il lui sera, en parallèle, difficile d’affronter de nouveau son pays auquel il «reste très attaché». Ce nouveau rendez- vous avec les Fennecs, comptant pour la 6e et dernière journée du groupe F des éliminatoires de la CAN- 2023, aura lieu début septembre, entre le 4 et 8. Deu- xièmes de la poule avec 04 points, à égalité avec l’Ouganda, les Taifa Stars croi- seront au préalable le fer avec le Niger de Jean-Michel Cavalli qu’ils recevront à Dar es Salam début juin.
Belmadi n’a pas souhaité répondre
«Ce sera difficile pour moi, surtout quand j’entendrai l’hymne national. Vous ressentez un grand effondrement, mais quand le coup de sifflet commencera, tout changera. Je suis nouveau (à la tête de la Tanzanie) et je vais pousser pour changer l’attitude des joueurs, être déterminé à me battre contre n’importe quelle équipe. J’ai signé un contrat à long terme pour aider à construire et développer la nouvelle génération de joueurs, et pour mettre en place des parcours et des philosophies», dira encore Adel Amrouche qui aura, pourtant, besoin des … Verts de Bel- madi pour espérer se qualifier à la CAN en Côte d’Ivoire. Car, si l’Algérie, qui se déplacera en Ouganda au moment où la troupe à Amrouche accueillera le Mena, joue le jeu à fond et aligne sa cinquième victoire en autant de journées, la mission des Tanzaniens sera beaucoup moins compliquée.
Un face-à-face attendu dans six mois
Sollicité par le même organe de presse britannique pour répondre aux accusations de l’ancien sélectionneur du Kenya, Djamel Belmadi n’a, cependant, pas donné suite, préférant ne pas répliquer. Sa riposte interviendra, à coup sûr, sur le terrain. De quelle manière ? En privant Amrouche et sa nouvelle sélection de la CAN-2023 en misant tout sur une victoire à domicile dans six mois ? En préservant certains cadres du safari en Ouganda pour lancer dans le grand bain, en Afrique subsaharienne, les derniers arrivés en Vert, quitte à ne pas trop accorder d’importance au résultat final ? Ou tout simplement en continuant à marcher sur cette poule F, qu’importe l’adversaire ou la nationalité des techniciens ?
RACHID BELARBI
