
Tout s’y prête. La non-convocation de l’actuel meilleur buteur du championnat de L1, Adil Boulbina, a suscité moult interrogations et surtout polémiques, non sans réveiller plusieurs consciences sur l’existence d’un réel syndrome anti-Paradou AC. Est-ce le cas ? Soyons clairs, sans verser dans la paranoïa, ni la victimisation et encore moins du procès d’intention bête et méchant, la dernière liste du sélectionneur national, Vladimir Petkovic, pour les matchs de la fenêtre FIFA du mois de juin 2025, aurait pu être checkée sans grand encombre si le technicien suisse avait réussi son «oral» lors de la conférence de presse, en expliquant avec des arguments techniques susceptibles d’être recevables et en défendant ses choix avec une conviction footballistique.
L’incident lunaire passé inaperçu et sous silence, lors de la conférence de presse de jeudi, entre Petkovic et son adjoint et traducteur attitré, Davide Morandi, en dit long sur l’incohérence affichée par le coach national, au moment où il devait expliquer les raisons de l’absence d’Adam Zorgane,
le milieu de terrain défensif de Charleroi SC. Il en est de même pour les déclarations faites au sujet d’Adil Boulbina, qui réalise une saison exceptionnelle à 22 ans (18 buts et 6 passes décisives en 26 matchs) au sein d’une formation du Paradou AC loin d’être truffée de stars et de cadres expérimentés, ce qui permet à ses performances de prendre une autre dimension. Seulement, en rembobinant le film depuis des années, il y a moult interrogations.
Ainsi, sur au moins deux décennies, on se rend compte que le Paradou et son académie continuent de subir les mêmes traitements de la part du même clan qui n’a jamais digéré la voie choisie par le club des frères Zetchi ni surtout sa réussite, admise par toute la planète football sauf par ses éternels détracteurs. De la pratique pieds nus des gamins de l’académie El-Ankaoui, longtemps décriée, aux « oubliés » de Petkovic, en passant par l’affaire montée de toute pièce d’Omar Rafik, le joueur de l’académie de la FAF de Khemis Miliana passé par le Paradou qu’on accusa de «traite humaine» et d’être dans «un projet de naturalisation» de jeunes footballeurs au profit du Qatar, la vie du club des hauteurs d’Hydra n’a finalement jamais été un fleuve tranquille.
Que dire du tournoi international des U-13 qu’organisait le Paradou à l’époque et que Mohamed Raouraoua a fini par interdire sans état d’âme, privant des enfants du plaisir de jouer et aux jeunes talents algériens de se frotter à des gamins venus d’Afrique ou d’Europe. Comme on n’oubliera pas les «instructions» données à Jean-Marc Nobilo, le sélectionneur des U-20, pour écarter les joueurs du Paradou à la veille de la CAN de cette catégorie organisée en Algérie en 2013, ce qui a valu une élimination aux jeunes Fennecs dès le 1er tour. Et même lorsque le président du PAC était passé à la tête de la fédération, il avait subi sans cesse des attaques lorsque les sélectionneurs des catégories jeunes (U-17 et U-20) voulaient prendre des académiciens, car on les accusait de favoriser les jeunes footballeurs du club du … président !
A la longue, le débat s’est retrouvé aujourd’hui sur les réseaux sociaux, et nombreux sont les youtubeurs qui suivent de près l’actualité sportive au quotidien. Ils ont commenté et émis leurs avis sur la liste de Petkovic, et se sont interrogés sur les absences de Boulbina, mais également du capitaine de Charleroi, Zorgane, et Yacine Titraoui, la révélation du championnat de Belgique. La Toile s’est même enflammée, qu’en déplaise à certains barbouzes de la presse devenus anges soudainement, dénonçant carrément un syndrome anti- Paradou. A coups de chiffres et statistiques, certains ont expliqué que Titraoui, révélation de la Jupiler League cette saison 2024/2025, Zorgane, classé parmi les joueurs plus influents à son poste par l’Observatoire du football CIES dans une étude toute récente, et Boulbina, lui aussi parmi les meilleurs espoirs du football algérien, avaient bien leur place aisément chez les Verts.
Finalement, le joueur local, incarné par celui du Paradou ou d’un autre club, n’aura pas vraiment sa chance en équipe nationale A, car le défenseur Mohamed Amine Madani et le gardien Oussama Benbot seront toujours des éternels remplaçants, et que ceux qui ont le talent insolent finiront toujours par s’imposer et arracher leur place à la force du jarret.
– MALIK MOHAMED