ALG : Le fait du prince et les experts d’une FAF devenue bananière
NAZIM BESSOL

Le fait du prince, on y est ! Nul besoin de textes, nul besoin de normes. Et à chaque jour qui passe, la Fédération algérienne de football (FAF) ,sous la conduite du duo Walid Sadi et de son secrétaire général Nadir Bouznad, s’enfonce un peu plus dans l’illégalité et le piétinement des lois de la République. Est-elle dans le défi, la provocation ou le rapport de force avec la tutelle ? Est-elle devenue une fédération bananière alors qu’elle a été dirigée par des personnalités tant politique que sportive de premier plan à l’image du docteur Mohand Maouche, du Colonel Abdennour Bekka, de Si Mohamed Baghdadi, de Omar Kezzal, de Rachid Haraïgue et bien d’autres encore ? ….
Comme annoncé dans notre édition du 2 octobre dernier, le secrétaire général de la Fédération algérienne de football Nadir Bouznad a fait parvenir un courrier à l’ensemble des ligues de wilaya. Une missive où il est question de « privilège » (et non d’une quelconque disposition légale), accordé aux présidents de ces structures, pour fournir en toute illégalité une liste nominative de huit experts en prévision des échéances à venir, à savoir le renouvellement des structures affiliées à la fédération. Et ce courrier ne porte curieusement pas les visas faisant référence à l’ancrage juridique et/ou réglementaire relatifs à la présence des experts au sein des assemblées générales des ligues de wilayas.
Il est facile de deviner que le secrétariat général de la FAF s’est appuyé sur les statuts caducs des ligues (absence de mise en conformité avec la loi), contrairement à autres ligues (LNFA, LIRF, Ligues régionales, LNFF) qui, elles, se sont déjà mises en adéquation avec la Loi 13-05 du 23 juillet 2013 relative à l’organisation et au développement des activités physiques et sportives, ainsi que les décrets exécutifs y afférents. Or, aujourd’hui, la fédération et l’ensemble des démembrements n’ont plus le choix. Tout le monde doit se mettre en conformité avec les textes de la République, à commencer par l’instance fédérale qui doit se soumettre comme tous les autres aux exigences du Parlement et de ses parlementaires.
Toute procédure de la FAF ne peut être que pyramidale du sommet à la base. Faut-il rappeler que le dernier décret exécutif n°22-309 du 12 septembre 2022, et qu’il prévoyait un délai de six mois ? La persistance de Dely Ibrahim de rester hors la loi (l’ensemble des fédérations se sont conformées sauf la FAF), malgré les avertissements du ministère de la Jeunesse et des Sports, ne peut avoir comme visées que les prochaines échéances électorales. Sinon pourquoi persister à priver l’écrasante majorité des membres des assemblées des ligues de wilayas d’un droit constitutionnel, celui de se porter candidat (seuls les experts et les présidents sortants chargés de les désigner peuvent se porter candidat !).
L’autre élément troublant dans la correspondance du SG de la FAF, le courrier est accompagné d’une fiche de renseignement pour la candidature d’expert. Il n’est nullement question du niveau universitaire comme l’exige le décret exécutif n°22-309, mais du niveau scolaire (1re année primaire jusqu’à la terminale), en plus des diplômes, la fonction et la connaissance du monde du football et enfin un CV. Assez pour devenir éligible et pour les heureux élus de Dely Ibrahim des super favoris. La FAF ne dit à aucun moment comment elle compte leur attribuer la qualité de membre de l’assemblée, une prérogative qui relève de cette dernière.
Elle évite volontairement ou par incompétence de préciser les critères d’éligibilité (à titre d’exemple : un expert peut selon cette correspondance avoir un casier judiciaire long comme le bras sans que cela soit éliminatoire). Il n’est nullement question de l’obligation de justifier de 5 années de présence dans le monde du football. Ni une quelconque référence aux diplômés des instituts de sports dont celle de l’ISTS que bien des pays nous envient ou encore la maîtrise des langues étrangères comme par exemple la langue anglaise. A l’évidence, la Fédération algérienne de football semble s’opposer frontalement au saut qualitatif prévu par le législateur et approuvé par les parlementaires. Elle maintient coûte que coûte le nivellement par le bas.
Une démarche dont on a que trop vu, trop vécu les effets catastrophiques avec des réputations surfaites. Elle tend à créer et à soutenir la médiocrité, le clientélisme, le copinage au détriment du développement du secteur et de la jeunesse. En termes de destruction, de sous-développement et d’absence de résultats, cette politique a fait ses preuves. Elle est à l’origine du surnom donné aux membres de l’Assemblée générale de la FAF, les « béni -oui -oui ». Des personnes corvéables à merci et d’une fidélité presque sans faille dont beaucoup avaient brandi en 2017 une pancarte dans laquelle on pouvait lire : « On est tous Raouraoua ! », sont issues de cette exécrable politique qui a conduit à la situation actuelle.
Il appartient au MJS de prendre ses responsabilités et de rendre la maison de Dely Brahim plus crédible et les passionnés de la balle ronde plus confiants en l’avenir de la gestion du football national.
– NAZIM BESSOL