
Plus expressif et d’une éloquence qu’on ne lui connaissait pas, le sélectionneur national, Vladimir Petkovic, a pris le temps de justifier, hier, ses choix. Pas toujours convaincants pour les supporters des Verts.
Il a argumenté au cas par cas et évoqué les deux rendez-vous à venir en éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Ce n’était pas la conférence de presse où il a le plus parlé, mais c’est assurément celle où il a le mieux répondu. Se refusant d’habitude d’évoquer nommément ses joueurs, le patron technique des Verts s’y est, ainsi, évertué hier d’une bien subtile manière. Il a, d’abord, dressé un état des lieux de l’infirmerie des Verts, où l’on s’est apparemment bousculé au portillon. «Bounedjah, Aouar, Zerrouki et Tougaï étaient blessés avant l’annonce. Depuis, comme d’habitude, d’autres se sont blessés, dont Bennacer. Depuis, on a appris les forfaits de Mandrea et de Hadj-Moussa. À la place de Mandrea, nous avons pris Benbot. À la place de Bennacer, nous avons convoqué Naïr», formulera, en effet, clairement le conférencier, pas inquiet pour autant.
«Les absences ? Pas d’inquiétude !»
A propos des défections, le coach ne montre aucun signe d’inquiétude. «Nous avons beaucoup d’absences oui, mais c’est aussi une opportunité pour les présents de se montrer, et pour l’équipe de montrer son niveau global», a-t-il assuré, affirmant au passage n’avoir «pas d’inquiétude». «Je cherche à ne pas laisser de doute et à ne rien transmettre si j’en ai. Les difficultés, il y en a tous les jours.
Mais je dois penser au-delà et amener de la positivité et de la confiance. Convaincre les autres et les emmener avec moi», lancera un Petkovic tout aussi disposé à évoquer les raisons et motivations de certains de ses choix. «J’ai lu que la presse s’intéressait à Benrahma. Il est important pour nous, ses prestations avec nous en font un joueur en avance. Ce n’est pas parce qu’il est en D2 saoudienne, après 2 mois, qu’il a perdu ses chiffres. Il est en meilleure forme qu’à Lyon», sera-t-il même nuancer au sujet de l’ancien Hammer.
«Benrahma est meilleur qu’à Lyon»
Idem pour Oukidja et Belaïli. «Oukidja fait partie du groupe et il y est intégré. Nous poussons à la continuité, et nous voulons donner du soutien aux joueurs qui sont en difficulté dans leurs clubs. Pour Belaïli, c’est le bon moment pour le convoquer. C’est surtout grâce à son rendement qui est régulier cette saison en club», précisera le successeur de Djamel Belmadi. La pépite du Paradou, Adil Boulbina, et son coéquipier transféré depuis à Charleroi, Yacine Titraoui, n’auront, en revanche, pas la même mansuétude.
«Boulbina ? Il y a des joueurs très intéressants en L1, on en a vu beaucoup de matchs. Il est important pour le Paradou, il a 21 ans et il débute à peine sa carrière dans le football professionnel. Ne pas le convoquer est la meilleure option pour l’instant, car il faut avoir de la continuité, être constant dans la performance à long terme.» Des arguments qui, pour une fois, n’ont pas convaincu. Boulbina mérite largement d’être parmi les « 26 ».
«Boulbina et Titraoui ? Ils ont encore le temps»
Si on voit qu’un joueur de Ligue 1 rentre dans les plans l’équipe nationale, ça doit être motivant ! Cette année, nous avons utilisé plus de 40 joueurs. Il y a 11 joueurs sur le terrain et ensuite un maximum de 25 dans la liste, c’est la loi de la vie et du sport : le plus fort gagne. Mais la porte lui est toujours ouverte», philosophera Petkovic pour lequel l’absence de Titraoui est due au fait que les joueurs convoqués «(me) donnent plus de garantie».
Un choix qui a fait grincer les dents des supporters de l’académicien de Charleroi. En revanche, Petkovic a encensé Soheib Naïr. «Il était sous observation. Avec quatre axiaux pour le moment, j’ai décidé de lui donner cette possibilité et le voir en EN. Il a beaucoup joué en club, a des responsabilités et a des qualités pour nous aider à mettre en place notre jeu. Il a de plus un bon physique et une bonne mentalité», se félicite l’orateur.
«Dommage pour Bennacer»
Il était, néanmoins, assez déçu du forfait d’Ismaël Bennacer. «Dommage, car il avait très envie de venir. Il a eu un très bon début d’aventure à l’OM. La veille du Classique face au PSG, à 16h30, j’ai reçu l’info d’une blessure musculaire que les examens ont confirmée. Mais ce n’est pas grave», soufflera un Petkovic conscient de l’énorme enjeu de ce premier double-test de l’année 2025.
«Ce sont deux matches très importants, pas décisifs, mais nous voulons jouer chaque match à 100 % et les gagner. On a cherché à mettre les joueurs pour être à 100 %. On doit optimiser le travail sur le terrain et la récupération pour respecter la spécificité du Ramadhan», préconisera l’ancien boss de la Nati. Et d’enchaîner : «A Francistown, on jouera contre une équipe compacte qui se prépare depuis plusieurs jours et pour laquelle nous avons beaucoup de respect. Mais pour eux aussi, ce sera difficile et très important.
«L’adversaire jouera aussi à 15h»
Il faudra essayer de gagner car en gagnant, c’est plus facile de gagner le match suivant. Jouer à 15h n’est pas habituel, car la température n’est pas semblable à celle d’ici, mais c’est pour l’adversaire aussi. On travaillera la veille à l’entraînement à la même heure pour évacuer les difficultés autour du match et nous concentrer sur nous-mêmes», expliquera, en outre, assez sobrement un Vladimir Petkovic qui a eu, en conclusion, l’intelligence de tuer dans l’œuf toute polémique à propos de Rafik Omar, le sociétaire d’Al-Shamal, diabolisé par le tribunal médiatique. «Je n’ai pas de commentaire à faire à propos de ceux qui ne sont pas mes joueurs. Il était dans la liste élargie. Je ne regarde pas les joueurs qui ne veulent pas être avec nous. Ce sont des choix personnels. Je souhaite beaucoup de chance pour le futur à Omar», glissera le tacticien bosniaque avec subtilité et finesse.
RACHID BELARBI