ALG : La Promenade des Anglais s’éternise pour Boudaoui

Hicham Boudaoui atterrit à Nice en 2019. Six ans après, le Bécharois, malgré de bonnes performances durant les saisons successives, n’a toujours pas connu le transfert qui pourrait lui faire passer un cap.
Les mercatos d’été passent et se ressemblent pour Hicham Boudaoui. Annoncé au départ dans une pléthore de clubs, divers et variés, la presse évoqua même en fin de saison dernière un intérêt de Manchester United, il finit toujours par enfiler la tunique des Aiglons. Maudit, le Box-to-Box semble cloué sur la Côte d’Azur. Certes, il n’y a pas de pire malédiction que de passer la saison sous le soleil de Nice.
L’OGC Nice reste un club de bonne facture qui aurait pu participer à la Ligue des Champions cette saison et qui disputera pour la deuxième année d’affilée l’Europa League. Mais ce n’était pas le destin qui semblait se dessiner pour l’enfant de Béchar, dont le début de carrière a commencé en trombe. Début dans le championnat algérien à 18 ans en janvier 2018, une première sélection en décembre, Hicham remporte la CAN en juillet 2019, participant à deux matchs de la phase finale.
Il a connu 6 entraîneurs en 7 saisons
Il s’envolera dans la foulée pour l’Europe et la Ligue 1 française pour 4 millions d’euros, devenant ainsi le transfert le plus élevé du championnat algérien (dépassé par celui de Boulbina). Depuis, c’est le calme plat pour l’ancien du Paradou qui a une vie aussi stable qu’un fonctionnaire. Certes, il y a eu le Covid et l’arrêt prématuré du championnat en 2020. Certes, il y a eu Patrick Vieira et Christophe Galtier qui ont abusé de sa polyvalence et qui l’ont placé comme ailier, loin de sa zone de prédilection, le milieu de terrain. Certes, il y a eu de l’instabilité à la barre technique du Gym, Hicham a connu 6 entraîneurs en 7 saisons. Certes, Hicham a connu des pépins physiques récurrents lors des premières saisons qui ont pu freiner sa lancée. Cependant, l’immobilité de sa carrière tranche avec son hyperactivité sur le terrain. Est-ce dû à sa nationalité ?
Boudaoui est-il trop algérien ?
S’il s’appelait «Badouinho», serait-il déjà sous d’autres cieux ? Oui et non. Oui, parce que l’intérêt qu’a l’industrie du football pour les joueurs africains est moindre que pour d’autres nationalités. D’abord, parce que les joueurs sont d’abord des actifs financiers et ils sont une des portes ouvertes sur des marchés : vente de maillots, audimat.
Les joueurs africains souffrent du faible pouvoir d’achat de leurs compatriotes qui vont moins acheter le merchandising (les produits dérivés) de leurs joueurs favoris et rapporter moins d’argent, car leurs chaînes de télévision nationales vont être moins enclines à acheter les droits TV pour suivre les stars de leurs sélections. Deuxièmement, la réputation plus faible de la formation algérienne que celle des pays sud-américains. Les clubs argentins, brésiliens, chiliens, mieux structurés, ont au fil des ans permis de construire des liens plus forts avec les recruteurs européens et donc de créer une confiance plus grande dans leurs produits, les joueurs.
Un concours de circonstances
L’exposition aussi pourrait jouer un rôle. Un plus petit nombre de sélections africaines participent à la Coupe du Monde comparativement aux sélections d’Amérique du Sud. Une problématique qui devrait être réduite grâce à la Coupe du Monde à 48 équipes. Une exposition aux yeux du monde à ne pas négliger et qui est un sacré coup de pouce dans une carrière.
Mais en ce qui concerne précisément le cas Boudaoui, la CAN 2025 qui se déroulera en plein milieu de la saison a sûrement dû jouer un rôle. Mais quid de Marmoush, Hakimi, et même de l’international algérien, Aït-Nouri, qui, lui, dans la même condition, a connu un transfert dans la prestigieuse équipe de Pep Guardiola, Manchester City ? Hicham a malheureusement subi la gestion de son club et ses bonnes performances. Devenu un pilier du club, l’OGC Nice, qui a perdu plusieurs de ses meilleurs éléments (Bulka, Guessand), ne pouvait pas se permettre d’en perdre davantage, notamment du fait qu’il lorgnait sur une possible qualification en Ligue des Champions.
7e saison à Nice
Les Aiglons, qui ne pouvaient pas dégraisser jusqu’au 12 août, date du match retour du 3e tour de qualification de la LDC (perdu 3-0 contre Benfica). Il ne restait plus que 2 semaines de mercato, les championnats allaient commencer, les effectifs étaient déjà dessinés, la latitude pour un transfert de l’ex-Paciste était faible. Surtout pour le prix fixé par le club de la Côte d’Azur : 30 millions. De plus, l’intérêt des Mancuniens ne pouvait se concrétiser du fait d’un conflit d’intérêts entre Manchester United et Nice, détenus tous deux par l’entreprise INEOS. Enfin, la septième saison de Boudaoui à Nice est une décision du board niçois (prenant peut-être en compte tous les éléments précédents) qui n’a pas considéré les velléités de départ de l’Algérien.
La CAN et le Mondial en ligne de mire
Franck Haise, l’entraîneur de Nice, a préféré considérer ses propres besoins : «On a la velléité de garder une équipe qui tienne la route, de la renforcer et de récupérer nos blessés pour récupérer une équipe qui vise le top 7. Ce n’est pas en perdant Hicham ou d’autres que l’on y arrivera». La CAN arrive à grands pas, et la Coupe du monde aussi, dont la participation de l’EN est quasi certaine.
Il faudra peut-être comme en 2019 un tournoi continental, voire cette fois-ci mondial, pour écourter la promenade de Boudaoui à Nice et lui permettre de faire un bond dans une équipe de son calibre. Peut-être un club anglais dont le football siérait parfaitement à son style de jeu : volume de course, intensité et technique. Surtout que tous les voyants seraient au vert. Pas de CAN et plus qu’un an de contrat, de quoi réduire l’appétit du Gym sur le montant et l’envie de le bloquer.
BADYS BOUFEROUA