Un crochet droit étonnant, et un mental d’acier, c’est ainsi qu’on peut décrire la boxeuse algérienne, Imane Khelif, dont la féminité est remise en cause, elle qui est encore en lice pour décrocher le sacre olympique.
La boxeuse a dominé la Hongroise Luca Anna Hamori (23 ans, 1,75 m) aux points (4 fois 29-27, 29-26) en quarts de finale des -66 kg, samedi 3 août, et s’est donc qualifiée pour les demi-finales des Jeux olympiques de Paris-2024. Elle y affrontera, ce mardi 6 août, sur le court central de Roland- Garros, la Thaïlandaise Jan- jaem Suwannapheng. C’est une revanche entre les deux femmes, puis Imane Khelif avait battu Janjaem Suwannapheng en demi-finales des Mondiaux 2023 avant d’être disqualifiée et exclue, ayant raté les tests de féminité. L’International Boxing Association n’avait, toutefois, pas donné plus d’explications. Fédération controversée et intox transphobes : d’où vient la polémique visant la boxeuse algérienne Imane Khelif ? Depuis la défaite de la boxeuse italienne face à l’Algérienne Imane Khelif, les déclarations remettant en cause son droit à concourir dans la catégorie «femme» se multiplient. En s’appuyant souvent, sans aucune prudence, sur des informations non vérifiées.
Jamais une boxeuse n’a été critiquée
Rarement un combat de boxe féminine de la catégorie moins de 66 kg aura autant fait réagir. Dès le deuxième coup porté au visage par la boxeuse algérienne, Imane Khelif, sa concurrente italienne, Angela Carini, demande un temps mort, visiblement sonnée. «Ça fait extrêmement mal ! Ce n’est pas juste», lance-t-elle à son entraîneur, avant d’abandonner. Elle s’époumone : «Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas juste !», avant que ne soit annoncée victorieuse l’Algérienne Imane Khelif. Si la boxeuse italienne s’est depuis excusée pour sa réaction, le combat a suscité une controverse internationale. L’Algérienne Imane Khelif zappe tout cela, même si elle en est très touchée. Elle est déjà assurée d’une médaille aux JO de Paris. Elle va tenter de rallier la finale pour espérer décrocher le titre suprême. Imane Khelif a déclaré que la vague de critiques haineuses qu’elle a subie en raison des idées fausses sur son genre « porte atteinte à la dignité humaine », et elle a appelé à mettre fin au harcèlement des athlètes, après avoir été profondément affectée par le contrecoup international contre elle.
«Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue»
L’athlète algérienne a parlé de son expérience olympique tumultueuse et extraordinaire, dimanche soir, lors d’une interview à l’Associated Press. « J’envoie un message à tous les peuples du monde pour qu’ils respectent les principes olympiques et la charte olympique, qu’ils s’abstiennent de harceler les athlètes, car cela a des effets, des effets massifs», a déclaré Khelif. «Ça peut détruire les gens, ça peut tuer leurs pensées, leur esprit, et leur mental. Ça peut diviser les gens. Et à cause de cela, je leur demande de s’abstenir de harceler, et c’est tout». Khelif a également exprimé sa gratitude au Comité international olympique et à son président, Thomas Bach, pour leur soutien résolu alors que l’ancienne Fédération de boxe olympique, maintenant bannie, a attisé la polémique autour de sa participation à Paris. L’Algérienne a déjà décroché sa pre- mière médaille olympique avec deux victoires à Paris, malgré les appels à son exclusion des Jeux en raison des idées fausses sur son genre. Elle combattra à nouveau, mardi soir, dans les demi-finales féminines des 66 kilogrammes, à Roland Garros.
La réponse d’Imane sur le ring
Avec la même détermination qui définit son style dans le ring, Khelif a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’elle ne laissera pas les accusations l’empêcher de tenter de remporter la première médaille d’or olympique de l’Algérie en boxe féminine. Les victoires de Khelif à Paris sont devenues l’une des plus grandes histoires des Jeux olympiques. Khelif a refusé de répondre lorsqu’on lui a demandé si elle avait subi d’autres tests que ceux antidopage, disant qu’elle ne voulait pas en parler. Bien qu’elle soit consciente de ce qui se dit à son sujet, Khelif a déclaré qu’elle n’a pas personnellement vécu la frénésie des réseaux sociaux et le débat autour de ses performances à Pa- ris pour de très bonnes raisons. «Honnêtement, je ne suis pas les réseaux sociaux», a-t-elle dit. «Il y a une équipe de santé mentale qui ne nous laisse pas suivre les réseaux sociaux, surtout pendant les Jeux olympiques, que ce soit moi ou d’autres athlètes. Je suis ici pour concourir et obtenir un bon résultat», dit-elle. Khelif a commencé sa course olympique, jeudi dernier, avec une victoire sur Angela Carini d’Italie, qui a abandonné le combat après seulement 46 secondes. L’Algérienne a clairement ressenti le poids de la pression mondiale sur elle, et sa victoire contre Hamori semblait être cathartique. Après que sa main a été levée, Khelif est allée au centre du ring, a salué ses fans, s’est agenouillée et a frappé la paume de sa main sur le tapis, son sourire se transformant en larmes.
Un combat pour aller chercher l’or
«Je ne pouvais pas contrôler mes émotions», a-t-elle déclaré. «Parce qu’après la frénésie médiatique et après la victoire, il y avait un mélange de joie et en même temps, j’étais profon- dément affectée, car honnête- ment, ce n’était pas du tout facile à vivre. C’était quelque chose qui portait atteinte à la dignité humaine. Et c’est ce qui m’a touchée à la fin du match». Elle avait participé à des événements de l’AIB pendant plusieurs années sans problème, jusqu’à ce qu’elle soit brusquement sus- pendue des championnats du monde, l’année dernière. L’orga- nisme dominé par les Russes, qui a été en conflit avec le CIO pendant des années, a refusé de fournir toute information sur les tests. Le prochain combat de Khelif à Paris sera contre Janjaem
Suwannapheng de Thaïlande, aujourd’hui, mardi à partir de 21h34. Si elle gagne à nouveau, elle se battra pour une médaille d’or vendredi soir.
AMINA BOUAMARI
