
Dans une interview livrée au mensuel So Foot, l’international algérien Anis Hadj Moussa est revenu longuement sur sa jeune carrière, ses débuts dans le football et surtout son amour pour l’art du drible.
Entré en jeu à la 67e minute du match Algérie – Ouganda, au stade Hocine Aït Ahmed de Tizi-Ouzou, l’international algérien de Feyennord (23 ans) s’est permis quelques gestes techniques qu’il aime bien confectionner au grand plaisir du public et des yeux qui, à chaque fois, scrutent ce dribleur que l’on annonçait remplaçant du capitaine Ryad Mahrez. Et en parlant de dribbles, on est tombé net sur une interview parue dans le dernier numéro du magazine So Foot du mois d’octobre 2025 où Hadj Moussa décortique en long et en large son itinéraire technique qui le mena du Paris FC puis Pontault-Combault où il prend sa première licence, jusqu’au Feyenoord en passant le centre de formation du RC Lens.
Voici quelques morceaux choisis de cet entretien avec celui qui a fait ses premiers pas à l’âge de 8-9 ans, en compagnie de son père, lui aussi ancien footballeur dont la carrière s’est arrêtée brusquement à cause d’un accident de moto. Hadj Moussa évoque l’évolution du football moderne : « ’Aujourd’hui, on te demande d’être costaud, de courir vite, d’avoir 12 abdos, de tenir 12 minutes de gainage … Les coachs aiment de moins en moins les profils comme les nôtres, ils préfèrent les appels en profondeurs …’’
Avant d’atterrir à Lens, à 16 ans, Hadj Moussa a fréquenté quelques clubs de la région parisienne, comme Montfermeil et Torcy, où il s’est éclaté vraiment : ‘ »En U17 à Lens, je prenais le ballon à l’engagement et je partais dribler l’équipe adverse. Comme sur FIFA ou PES, tu vois ? Marquer ou faire des passes décisives, je m’en fichais …’’ La palette du dribbleur est large, comme le souligne l’international des Verts : ‘’Il y a plein de façons d’éliminer un adversaire, et toutes se valent. En revanche, ce n’est pas la même beauté d’éliminer grâce à une virgule ou un crochet. La virgule, elle va tourner sur les réseaux’’.
Mais avec l’âge et la maturité aidant, la tendance est vers le changement : ‘’Quand tu grandis, tu comprends pourquoi tu dois moins dribbler, marquer plus de buts. Tout le monde sait qu’aujourd’hui tu ne peux pas atteindre le top niveau juste en dribblant. J’ai déjà mis certaines choses de côté.’’
L’évolution du football fait également que les dribleurs sont décalés sur la ligne de touche. Cela ne semble pas déranger Hadj Moussa : ‘’Au contraire, moi je kiffe être collé à la ligne ! Quand je jouais à Vitesse Arnhem, c’était abusé, je mangeais la ligne et on me mettait systématiquement la balle pour partir en un contre un. Bon, aujourd’hui, ce n’est plus possible, maintenant qu’ils me connaissent, j’ai toujours deux ou trois joueurs sur moi. Je suis obligé de varier mon jeu : rentrer à l’intérieur, prendre la profondeur. Mais de base, je suis un pur joueur de ligne !’’
L’avènement de la data a révolutionné les choses, et Hadj Moussa en est conscient : ‘’Alors moi, je vais être clair : pendant un match, je m’en fous complètement, des stats. Au stade, je crois que ce que les gens veulent, c’est que tu sois décisif et que tu fasses gagner ton équipe. Si tu rates 30 ballons sur 45 mais que tu marques un triplé, les gens diront que tu as fait un bon match, non ? Au Feyenoord, nos stats sont affichées directement au vestiaire à la fin du match. On a une télé avec tous les chiffres : combien de kilomètres parcourus, combien de sprints, combien de pourcentage de passes réussies, des trucs comme ça. Donc si tu as fait un match de merde, tout le monde le voit, tu ne peux pas te cacher.’’
Tout le long de cet entretien, on sentait que Hadj Moussa avait ce faible qu’ont tous les dribbleurs : ‘’Oui, et d’ailleurs je n’ai jamais remis en cause mon style de jeu en raison d’un match raté. Être mauvais, ça arrive à tout le monde. Sinon, on serait tous au Barça ! Après, mes stats personnelles, je les surveille un peu quand même. Surtout le nombre de ballons perdus. Ça doit être pour me rassurer (rires)’’.
MALIK MOHAMED AVEC SO FOOT