CAF : Senghor, une opposition intelligente et audacieuse
AB. LAHOUARI

« L’idéal serait que toutes les grandes nations du football soient présentes dans les instances de décision. (…) L’Algérie fait partie des grandes nations sur le continent qui ont les ressources et qualités nécessaires pour apporter une valeur ajoutée au football africain. Je souhaite que l’Algérie soit toujours présente dans les instances de décision comme cela a toujours été le cas. (…) Personne au sein de la CAF ne peut réfuter le fait que l’Algérie puisse siéger au Comité exécutif. » Ce sont là les paroles de Me Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), vice-président de la CAF et membre du Comex.
Cette déclaration a été faite à Hurghada (Égypte), lors du tournoi de la phase finale de la CAN de Beach Soccer 2024. Mais pour les observateurs, ce n’est guère une surprise. Il s’est toujours opposé à la mainmise de la Confédération africaine de football par le lobby marocain, dirigé par Fawzi Lekjaâ, et il n’a pas hésité à déclarer en substance que « les membres du Comex ne doivent pas être des vassaux ». Aussi est- il un des rares dirigeants à avoir refusé toutes les multiples invitations du royaume qui n’entrent pas dans le cadre du sport. Il est également réputé d’être, de par sa profession d’avocat, un des instigateurs de la lutte anticorruption au sein des instances sportives.
A ce sujet, à la suite de son élection à la tête du football sénégalais, il s’est attaqué avec audace à la toute puissante Commission d’arbitrage, présidée par l’ex-arbitre international et patron de la Commission de la CAF, Badara Sene, maire de Rufisque. Ce dernier, qui était le bras « armé » du grand baobab Issa Hayatou au sein de la toute puissante Confédération, faisait la pluie et le beau temps de la balle ronde dans son pays. Lors d’une rencontre, à Paris, avec l’auteur, il s’est excusé de ne pouvoir rester plus longtemps dans la capitale française parce qu’il y avait une assemblée générale élective et qu’il devait être présent à Dakar, pour débarquer le président de la fédération.
L’arrivée de Me Augustin Senghor, en 2008, en tant que membre du Comité de Normalisation de la Fédération lui ouvrait les portes des instances internationales au niveau de leurs commissions (Jury disciplinaire de la CAF, Recours de la FIFA, président de la zone UFOA A, TAS de Lausanne…). C’est dire que ce n’est pas un parvenu dans le monde du football, comme tant d’autres actuellement, y compris Faouzi Lek-
jaâ. Pour les Sénégalais, le président de la FSF vient de loin.
Il est l’homme des réformes et celui qui a ramené le plus de trophées à Dakar, notamment le championnat continental des U-17 et U-20, tout comme la CAN en 2022, au Cameroun. Me Augustin Senghor, respect ! – AB LAHOUARI