Le bilan financier de la Fédération algérienne de football pour l’exercice 2023 fait ressortir un résultat déficitaire, engendré par les dépenses liées à l’organisation de deux événements : le CHAN-2022 et la CAN-2023 (U-17). BOTOLA a eu accès aux documents.  

L’assemblée générale ordinaire de la Fédération algérienne de Football, présidée par Walid Sadi, gestionnaire de la FAF,  réunis aujourd’hui samedi 25 mai,  au Cercle national de l’Armée de Beni Messous, devraient prendre acte du bilan financier de l’exercice 2023. Sa  particularité réside dans le fait qu’il est  partagé en deux périodes : la première allant du mois de janvier au mois de septembre, et la seconde de septembre à décembre, qui ont connu des changements notables avec le remplacement de la DAG (Direction de l’administration générale, poste occupé par Abdelmoumen Berraf) par la DAF (Direction de l’administration et des finances).  Les comptes du CHAN toujours pas clôturés D’ailleurs, l’actuel Bureau fédéral n’a pas hésité, dans son rapport financier et comptable, à mettre en exergue sa gestion sur la période allant du 1er oc- tobre au 31 décembre 2023 avec, sur la première période, le fonctionnement de la FAF, et les événements CHAN- 2022 et CAN-U17 2023, qui affichent respectivement des résultats de 979,13 MDA,de 2168,6 MDA et de34645 MDA, et sur la seconde période un résultat excédentaire de 304,4 MDA. Cela donne un résultat déficitaire de l’exercice 2023, comme annoncé lors du dernier Bureau fédéral, de 2 808 684 787,26 DA. Ce bilan intègre les opérations CHAN-2022 et CAN-U17 sur la base seulement des documents et pièces mises à la disposition du cabinet comptable. Il reste en attente, la remise, par les comités d’organisation des deux événements, des situations financières, et que seul un montant de 1 600 MDA, représentant une subvention liée au CHAN, a été encaissé en 2022, mais porté sur l’exercice 2023. La FAF, les prestataires et les employés recrutés pour l’occasions attendent toujours d’être régularisés, mais l’ancien président du Comité d’organisation local, Rachid Oukali, et son vice-président, Yacine Benhamza, n’ont toujours pas clôturé les comptes. Un dossier suivi de très près par les services concernés.

Légère embellie

La subvention du MJS pour la CAN-U17, a été encaissée en 2024 et comptabilisée dans le compte de produit à recevoir pour rattacher le produit à son exercice et respecter le principe de séparation des exercices, ce qui signifie que les bilans changent d’un exercice à un autre en fonction des événements et des encaissements des produits y afférents. Concernant les produits de la FAF, ils se situent à 6 301 271 906,89 DA renfermant trois chapitres, à savoir le fonctionnement de la FAF (3 093,5 MDA), le CHAN- 2022 (1 705 MDA) et la CAN-U17 (1 502,7 MDA). Quant au produit le plus important, c’est celui relatif au spon- soring d’un montant de 2 585,7 MDA. En face des produits, il y a les charges de la fédération qui culminent à 9 110 MDA, réparties en trois chapitres, à chaque fois (fonctionnement, CHAN- 2022 et CAN-U17), dont les montants respectifs sont de 3 768,3 MDA, 3 873,5 MDA et 1 468 MDA. Par ailleurs, les charges comptabilisées sur les consommations des équipements, d’un montant de 47 400 MDA, n’ont pas impacté la trésorerie de la FAF, du fait qu’elles sont gratuites (contrat Adidas, l’équipementier officiel de la FAF). Le même principe comptable est appliqué pour les charges d’amortissements, provision et perte de va- leur, d’un montant de 1 185 MDA. Par contre, le bilan fait ressortir une situa- tion supplémentaire en sus de celle de 1 663 MDA de charges, comme pré- sentée par le Comité d’organisation de la CAN-U17, où l’ANEP affiche une facture de 238 MDA, TDA avec 18 019 MDA et d’autres factures également. L’actif non-courant affiche, lui, un montant de 8 844 149 321,71 DA, abritant les immobilisations acquises par la FAF, amenant l’actif courant (valeur nette) à augmenter de 385 827 545,30 DA par rapport à l’exercice 2022.

Des fonds de garantie importants

Autres éléments à souligner, les par- ticipations d’un montant de 10 MDA auprès de l’EURL créée par la FAF, du temps de Kheïreddine Zetchi, pour gérer le Centre technique régional de Tlemcen, mais dont les bilans n’ont pas été déposés auprès du registre de commerce depuis 2020 pour n’avoir pas été activé, chose qui n’a pas été soulevée dans le rapport. Quant au Dépôt à terme (DAT), que certains ont faussement annoncé son utilisation par l’ex-équipe de Zetchi, demeure inchangé depuis 2016 comme le confirme le bilan financier de 2023, mais également des exercices précé- dents, d’un montant de 4 500 MDA. Des fonds de garantie FAF assez im- portants, faut-il le souligner.

Des créances provisionnées

Pour ce qui est de l’actif courant, poste qui renferme la trésorerie immédiate de la FAF, celui-ci présente un solde positif de 6 249,6 MDA. Dans ce même chapitre, il y a lieu de noter que la FAF a reçu du MJS, sur sa demande, des montants dans le cadre du plan d’assainissement (CNRL) et soutien aux clubs des zones d’ombre, où l’on retient 250 MDA (le 15/01/2023), 1 000 MDA (le 19/11/2023 et 4 000 MDA (le 19/12/2023). Comptabilisés non pas sur le compte produit, mais des avances sont en cours de redistri- bution. En matière de créances, le rap- port fait la différence entre celles nor- males, représentées par l’EPTV pour les droits TV d’un montant de 494 350 000 DA et Adidas S2F (ancien contrat ayant expiré le 31/12/2022) d’un montant de 12,3 MDA ; et d’autres considérées de douteuses où l’on retrouve Coca Cola (pour les années 2020 et 2021) pour 21,5 MDA (provisionnée au même montant), ainsi que KIA (141 MDA), et deux autres pour moins de 2 MDA. Ce qui donne un total créances de 672 MDA. Le bilan financier et comptable 2023 fait également ressor- tir les situations que Botola avait déjà révélées en leur temps, à savoir les factures d’EVOLE Sports, dépassant
les 28 MDA, et l’affaire de l’ancien responsable de l’académie de Khemis Miliana, l’Espagnol Vicente Girona Izquierdo, d’un montant de près de 13 MDA.

Une situation loin d’être catastrophique

Par ailleurs, les comptes de la trésoreie de la FAF ont affiché des soldes positifs et tous les comptes (et régies) ont fait l’objet d’un rapprochement, avec un montant de 6 249 603 361,35 MDA. Les dettes dues à l’événement CHAN- 2022 non réglées au 31 décembre 2023 s’élèvent à 2 063 MDA, alors que pour la CAN-U17, elles se situent autour de 1 389 MDA. En conclusion, on peut dire que la situation financière de la FAF est certes fragile, mais loin d’être catastrophique comme n’ont cessé de le ressasser certains cercles et médias, sachant au passage que le chapitre DAT n’a toujours pas été uti- lisé depuis 2016, et que la trésorerie a été affectée par plusieurs éléments défavorables, comme la période de COVID-19, l’absence de subventions, la baisse des montants de sponsoring et le non-recouvrement des créances EPTV. De plus, l’instabilité chronique de la FAF l’a empêchée de valoriser convenablement les financements du programme FIFA Forward et de capter d’autres ressources conséquentes pour parer aux besoins de son fonctionne- ment, de son développement et de ses investissements structurants.
– YANIS.B