Le Mouloudia Club Oranais (MCO) n’a pas d’ancêtre ! Dans ce taxi brousse entre les Andalouses et El Ançor, un jeune supporter du Mouloudia d’Oran arborait fièrement le maillot rouge et blanc du légendaire club d’El Hamri, le quartier populaire aux 200 martyrs dont une cinquantaine avait évolué ou dirigé l’association. Dans ce maillot où était floqué le nom du nouveau sponsor Hyproc, le logo dessinant un croissant identitaire et une année 1917 a attiré l’attention d’un voyageur qui héla le jeune supporter en ces termes :
« Cette date n’est pas celle du MC Oran », ce qui allait le surprendre. Il s’en suivit naturel- lement un long débat.

En jetant un bref regard sur Encyclopédia ,apparue la méprise. On y lit que le Mouloudia Club Musulman d’Oran (MCMO) est né officiellement le 1er janvier 1917 sous l’appellation du Mouloudia Club Musulman d’Oran à M’dina El Jadida et qu’il a été auto- risé deux années plus tard en 1919 pour une adresse non conforme, avec la composante des responsables de sections (musique ,fanfare, football …). On apprend également que le MCM Oran s’est dissous en 1945, ce qui laisse les lecteurs dans la voie de son remplacement par le MC Oran le 14 mai 1946, à la rue Er Rouaz. Or, ce dernier n’est pas né à M’dina El Jadida mais à Lamur (aujourd’hui El Hamri), quartier populaire.

Il est bien entendu que le MCMO a bel et bien existé, mais sa durée de vie a été très courte et les archives de la Ligue oranaise de foot- ball (LOFA ne mentionne guère sa présence jusqu’en 1945. Ce qui est contraire au titre racoleur d’Encyclopédia. A M’dina El Jadida, un quartier commerçant et petit bourgeois, d’autres clubs ont vu le jour comme l’USM. Oran, le premier club musulman affilié à la LOFA, l’Espérance Musulmane d’Oran (EMO), l’Association Sportive Musulmane Eckmüh- lien (ASME) du regretté Aboukebir Baghdad et enfin, l’Association Sportive Musulmane d’Oran ASM. Oran) à ne pas confondre avec le club européen de l’AS Marine
Oranaise (ASMO).

Des indices probants qui existent font que le MC Oran n’a pas d’ancêtre. Sa création a été encouragée par Ferhat Abbas lors d’un meeting à El Hamri en 1945 et par les partisans de Ben Badis. Des membres des anciennes associations résidant à El Hamri y ont contribué et rejoint le club, mais à aucun moment, ils n’ont pesé sur sa création. Ce sont des jeunes (footballeurs et dirigeants) et un mécène nationaliste Abouna Omar qui en sont les fondateurs et leur but a été entre autres de rejoindre la légende USM. Oran parmi l’élite. Ils ont été ses gestionnaires et les animateurs. Ils avaient également comme objectif de contrer le Sporting de Lamur (club européen du quartier d’El Hamri).

Le club européen voyait d’un mauvais œil l’émergence de ses jeunes et il n’avait de cesse d’intervenir auprès des autorités fran- çaises et des maires afin de leur retirer l’agrément. La première grande victoire
du Mouloudia des Hamraoua a été de le contraindre de fusionner avec le club de la Police puis de disparaître totalement des radars du football. Ainsi résumait la petite Histoire, l’on peut s’interroger si l’auteur des lignes du « premier Mouloudia » n’a pas fait fausse route dans Encyclopédia en associant le MC Oran à tous les clubs qui l’ont précédé. Ou tout simplement, il s’est laissé entraîner par sa passion pour les Rouge et Blanc.

En toute évidence, si l’on devait trouver un ancêtre au club d’Al Hamri, le premier Mouloudia serait né à Mascara d’une association de bienfaisance fondée en 1840 au nom de El-Mouloudia de Bab-Ali de Mascara. Des proches de l’Emir Abdelkader ne serait pas trop loin. Il serait alors le Mouloudia National, le père de tous les autres.

– LAFORDASSE