
21 septembre 2023 – 21 septembre 2025. Osons le bilan du président de la Fédération algérienne de football, Walid Sadi, depuis qu’il est à la tête du sport-roi en Algérie. A 45 ans, il cumule plusieurs postes et fonctions : le ministre des Sports est aussi membre du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) et de celui de l’Union des associations arabes de football (UAFA), (es qualité) ; il est aussi vice-président de l’Union Nord-africaine de football (UNAF), dont la présidence est tournante.
Si l’équipe nationale s’apprête à retrouver le concert des nations, l’été prochain, à l’occasion de la Coupe du monde 2026, le football algérien est loin de la révolution promise en septembre 2023. Le cœur du moteur, la direction technique nationale (DTN), a connu son deuxième responsable en deux ans, ce qui l’empêche d’avoir une vision claire et une stratégie sérieuse. Après Ameur Mansoul (d’octobre 2023 à novembre 2024), c’est au tour d’Ali Moucer de reprendre les commandes depuis le 1er février. Un temps très court pour porter un vrai jugement mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet porté par l’ex-directeur technique régional de Paris- Ile-de France demeure trop vague.
Lors de la présentation faite à la presse, ni le football féminin, ni le futsal et encore moins le beach-soccer n’ont eu droit de cité, tout comme le système académique de formation de base que la fédération a laissé aux soins des clubs. Très vite, il a été question d’académies qui ont fleuri en un temps record pour un tournoi au mois de juin dernier… et depuis plus rien ! Ont-elles été mises en sommeil ou tout simplement fermées (si tant est qu’elles aient ouvert un jour), comme celles de Sidi Bel-Abbès ou Khemis Meliana ?
Ce qui est certain, c’est que pour parer aux « injonctions » de la fédération, les clubs ont lancé dans la précipitation une catégorie U-13 qu’ils ont désignée d’académie. Pourtant, de l’aveu même de certains techniciens, les absences répétées des sélections de jeunes (U-17 et U-20) incapables de se qualifier dans
la zone UNAF à la CAN, ne peuvent avoir comme seul remède l’ajout d’une catégorie supplémentaire, celle des U-13.
En sélection A’, véritable vitrine du championnat local et antichambre de la sélection A, drivée par Vladimir Petkovic, la situation et les résultats ne sont pas non plus rassurants et ne laissent guère place
à l’optimisme. L’élimination de l’équipe de Madjid Bougherra (finaliste de la dernière édition) en 1⁄4 de finale du dernier CHAN, par la modeste équipe du Soudan, acte le recul de cette sélection et le manque de vision
et de planification. En effet, peu après avoir annoncé faire l’impasse sur le CHAN, la FAF a fini par se raviser pour y participer, tout en ratant une préparation adéquate pour assurer un meilleur résultat que celui réalisé.
Pour ce qui est du football amateur, il continue à se débattre dans des difficultés et des problèmes inextricables. Plusieurs clubs de l’Inter-régions n’ont pu s’engager ou payer leurs frais d’engagement, dont
un bon paquet traîne une crise financière aiguë qui prend son origine depuis 2010 et le lancement du professionnalisme presque sauvage. Ce dernier menace aujourd’hui certaines formations historiques de disparition et continue de saigner le Trésor public.
Le football professionnel continue lui aussi à être porté à bout de bras par les pouvoirs publics, puisqu’en plus des stades qu’il construit, l’Etat met régulièrement les mains à la poche pour renflouer les déficits cumulés. Les difficultés liées à la gouvernance et à l’entretien des infrastructures constituent un défi majeur que personne ne semble en mesure de solutionner. L’exemple de la capitale Alger, qui se retrouve en début de saison dépourvue de stades pour accueillir les matchs de la Ligue 1, est tout simplement édifiant.
Les nouveaux stades flambants neufs ont du mal à maintenir leurs terrains en excellent état, alors que les anciennes enceintes ont vraiment besoin d’être rénovées et mises aux standards internationaux. Que dire des revêtements synthétiques sur lesquels continuent à jouer nos footballeurs, alors qu’ils sont bannis ailleurs ?
L’interdiction faite aux supporters de se déplacer impacte l’ambiance et l’économie des clubs en matière de billetterie. La violence, un phénomène qu’on pensait contenir, voire éradiquer dans la plupart des stades, a fait sa réapparition.
Sur le rectangle vert, l’arbitrage devait faire un saut qualitatif grâce à l’avènement de la VAR, mais cette dernière n’est malheureusement utilisée qu’à moitié voire moins que ça, comme en témoigne ce début de saison 2025-2026, où la moyenne ne dépasse guère les trois matchs sur huit par journée. La démocratie du football a, quant à elle, gravement reculé. Le renouvellement de toutes les structures (fédération et différentes ligues) s’est fait pratiquement par des désignations à travers des candidatures uniques.
L’indépendances des organes, telles la DCGF (Direction de contrôle de gestion et des finances) et la CNRL (Chambre nationale de résolution des litiges), a laissé place à la concentration et la centralisation du pouvoir au niveau de Dely Ibrahim. L’absence de conformité et l’empiétement quasi systématique des textes de loi (au moins six décrets exécutifs) fragilise et hypothèque l’avenir de l’instance. Même la mise en conformité des statuts de la FAF s’est faite contrairement aux principes de la loi nationale sur le sport et même la Constitution.
Pour toutes ces raisons et tant d’autres…
La révolution du football national attendra, et chaque jour qui passe, chaque jour qui nous sépare de cette révolution est un temps précieux et à coup sûr irrattrapable !
– MOHAMED MALIK