ALG : Makri dit Také, le coach qui a révolutionné le football à Kouba
AB. Lahouari

L’homme qui a révolutionné le football à Kouba et peut-être même en Algérie, le Roumain Dumitru Valentin Makri (Macri) dit Také a l’âge de 92 ans à Paris (France). Il a dirigé le NARA (RC Kouba) du temps de Aït El Hocine P-dg de Sonatrach, en tant que coach entre 1971 et 1973, puis la sélection nationale en 1974 avant d’être limogé à quelques semaines des Jeux méditerra- néens d’Alger de 1975. Les supporters du Raed le tenaient en haute estime et les anecdotes à son sujet continuent jusqu’à présent de faire le buzz. Il n’hésitait pas à s’introduire chez les familles des joueurs, à l’heure du déjeuner, pour s’informer de leur nourriture et il interdisait aux jeunes joueurs de fréquenter les cafés de Kouba où ils battaient les cartes et les domi- nos. Il contactait lui-même leurs parents qu’il intégrait en équipe senior pour leur remettre les primes de matchs. « Kouba fonctionnait comme un club profession- nel et il a fait de nous des profession- nels avant l’heure », aimait répéter, en signe d’hommage, l’ex-international et talentueux capitaine d’équipe, Hocine Boumaraf .
Brillant défenseur international de l’équipe de Roumanie, Makri a imposé une stricte discipline à laquelle adhéraient les joueurs. Il n’admettait aucunement que les dirigeants s’ingèrent dans le domaine technique et encore moins il leur refusait toute présence dans les vestiaires durant un match. Ainsi, à la suite d’un match amical, dans le bus qui ramenait l’équipe nationale, il entendait le sympathique magasinier, Hocine M’Tayeb chargé de l’équipement, critiquer ses choix tactiques en jonglant sur les chiffres (4-3-3, 4-2-4…) et patati et patata. Intrigué, il demanda alors au boute -en -train de l’équipe (il n’est plus de ce monde) assis à ses côtés, de lui servir de traducteur. Informé, son sang ne fait qu’un tour. Il se leva de son siège et lança d’une voix de stentor : « stop chauffeur ! stop ! » puis il exigea l’expulsion du contestateur : « Moi pas m’occuper des maillots et, toi incompétent pour parler des tactiques de Také. Jamais ». (in le livre de AB. Lahouari : Les 250 grandes et petites histoires du football algérien).
Des années plus tard, l’auteur de l’article a rencontré Makri qu’il côtoyait à Kouba, aux Jeux méditerranéens d’Athènes -92. C’était une vieille connaissance. Il apprend alors que l’ex-sélectionneur avait choisi de s’installer comme chauffeur de taxi, bien loin du football. Mais, il avait conservé, une certaine nostalgie de l’Algérie et quelques déceptions notamment son limogeage qu’il considère comme une injustice. « Des personnes ont passé leur temps à me savonner la planche. Pourtant, c’est la fédération qui m’avait désigné. Je n’avais rien demandé. Mon salaire est resté le même. Je touchais 3 400 dollars par moi. Mon pays me prenait 3 000 et je ne gardais que 400. Et puis, la Tunisie, c’était notre bête noire». Des joueurs, il en garde de merveilleux souvenirs et jusqu’à sa mort, il est resté en contact avec eux, notamment avec Salah Assad. Mais pour lui, durant son époque, il y en avait deux, à qui il vouait un grand respect : « Boualem Amirouche dit- il, le meilleur joueur du monde et Hassan Lalmas, un joueur génial ».
Des paroles qui venant d’un entraîneur dont un de ses élèves en Roumanie, Stefan Kovacs dirigeait, durant la même époque, l’équipe de France valent leur pesant d’or. Salut Také !
– AB. LAHOUARI