
Il y a un an et demi, la prestigieuse revue américaine, Sports Illustrated, aurait publié des articles générés par l’Intelligence Artificielle, en créant de toutes pièces de faux journalistes, prouvant une fois de plus les mutations exceptionnelles que subit le monde, notamment celui de la presse, et la presse sportive en particulier. Ce passage à l’Intelligence Artificielle (IA), dans tous les domaines de la vie, inquiète de plus
en plus les professionnels de la presse, notamment les journalistes qui voient leur – noble – métier sérieusement menacé. Comment ne pas le croire et le prendre au sérieux lorsque plusieurs sites ont déjà basculé dans le côté – obscur – de la profession en créant de faux journalistes avec un CV artificiel et un parcours imaginaire. Des profils adaptés au sport et au sujet voulus, suivis d’articles générés par l’IA, agrémentés même de data et autres statistiques issus de logiciels de plus en plus performants.
Pour créer du contenu, plusieurs logiciels existent, y compris des traducteurs qui permettent de passer un article en anglais ou en arabe, par exemple, au français, et vice-versa. Les commentaires des événements sportifs, dont les matchs de football, peuvent passer également à des contenus selon les besoins, qui vont inonder un nombre incalculable de sites et autres réseaux sociaux. Des syndicats à travers le monde se disent «horrifiés » par de telles pratiques qui, non seulement risquent de tuer à terme le métier, mais « violent» toutes les règles déontologiques et croyances doctrinales qui ont façonné le journalisme depuis plus d’un siècle. Certains, et ce ne sont pas des fantasmes, imaginent déjà des salles de rédaction intelligentes avec des automates à la place de journalistes-humains, générant des articles à profusion, en réduisant le risque d’erreurs et d’incohérences.
Ils s’appuieront sur l’IA dont les applications sportives traitent de vastes quantités de données sur les joueurs
et les matchs en amont et en aval. Et comme les staffs techniques travaillent déjà depuis des années sur des modèles prédictifs sur des scénarios de jeu par rapport aux adversaires et sur leurs propres équipes, histoire de se faciliter les choix de joueurs, des tactiques et stratégies de jeu, il en serait possible pour le volet couverture médiatique où certains métiers seraient appelés à disparaître au détriment d’autres. C’est le prix à payer, dit-on, pour suivre le rythme soutenu du développement technologique de l’information et de l’innovation générative induite par l’IA où les algorithmes prennent du terrain sur les plumes et les claviers, même si les plus irréductibles parmi les journalistes considèrent que l’IA ne pourra jamais remplacer la passion, le talent, l’imaginaire, la culture et autres vertus qui font du journaliste un être à part. Sujet, en tous les cas, à débattre et à méditer.
– LAFORDASSE