ALG : Le CS Constantine où l’indicateur d’un championnat fracassé
MALIK MOHAMED

Avec le recul nécessaire, on se pose vraiment des questions sur la compétence de ceux qui gèrent le football en Algérie, et en particulier ceux qui sont chargés directement de la programmation des championnats, à commencer par la L1 professionnelle, considérée comme la vitrine de notre sport- roi. Il y a ces promesses pompeuses, ces faux bilans enjolivés alors que par comparaison ,le championnat de la L1 2024-2025 connaîtra son épilogue le 21 juin prochain, tandis que celui de la saison précédente, 2023-2024 avait été clôturé le 14 juin. On note une régression qui aura ses répercussions sur l’intersaison et la préparation des clubs quand on sait que les joueurs locaux sont appelés à prendre part, au Championnat d’Afrique des nations (CHAN) du 2 au 31 août en Ouganda – Kenya -Tanzanie, aux compétitions africaines interclubs et à la Coupe arabe des nations de la FIFA.
Autre indicateur d’une programmation à l’emporte-pièce: le cas du CSConstantine qui est resté durant deux mois (56 jours) sans disputer le moindre match de championnat. Un fait qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. En effet, depuis le 14 mars et leur match face au Paradou AC, les Clubistes n’ont dû reprendre le championnat que le dimanche 11 mai pour défier l’USM Alger au stade du 5-Juillet
-1962. Oui ! 56 jours d’arrêt. N’est-ce pas « mortel » pour un footballeur ! Le prétexte ? L’engagement du club constantinois en Coupe de la Confédération de la CAF (CDC) 2024- 2025. Le contre-exemple est à portée de la main et surtout de sens : le CSC a été éliminé par le club marocain de la RS Berkane, avec notamment une raclée à l’aller (0 – 4 et 1 – 0 au retour, insuffisant). Ce dernier a été sacré à la suite d’un championnat qui a déjà pris fin ce week-end avec aucun match en retard. Ce même club s’apprête à disputer la finale de la joute continentale contre les Tanzaniens de Simba SC (finale aller le 17 et le retour le 25 mai).
Dans un tel contexte, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans notre championnat et dans notre football, où l’incompétence et le populisme l’emportent souvent sur la science et le bon sens. Sinon, comment expliquer, pour rester dans le cas du CSC, que ce dernier joue l’USM Alger en quart de finale retour de la Coupe de la CAF, puis reporte son match contre le MC Oran en championnat, ce qui force les joueurs à rester 10 jours sans compétition ni rythme des matchs. Résultat des courses : en allant à Berkane, le club algérien ramasse une gamelle, révélant un manque de fraîcheur physique, un manque de rythme et de pugnacité des joueurs. Des éléments plus ou moins retrouvés au match-retour, mais c’était déjà trop tard et insuffisant pour réaliser une remontada. Plus encore, le championnat tunisien prendra fin la semaine prochaine et les championnats européens
à 20 clubs, malgré une saison longue et chargée, se terminent dans une semaine ou deux. Il devient donc légitime de se poser de sérieuses questions sur la capacité de nos dirigeants à gérer la compétition domestique.
A l’évidence, on ne peut être qu’admiratif devant les jeunes et talentueux du Barça qui ont enchaîné un match de Ligue des Champions contre l’Inter le 30 avril puis une rencontre de championnat contre Valladolid en déplacement le 3 mai, avant de se déplacer à Milan pour le retour contre l’inter le 6 mai et battre le Real Madrid dans un Clasico décisif pour le titre en Liga, le 11 mai, soit 4 matchs en 10 jours. Au café du Commerce, les passionnés de la balle ronde se demandent si c’est bien le même sport qui est pratiqué hors de nos frontières ? Quant à nos entraîneurs, surtout ceux fraîchement détenteurs de la licence CAF Pro, l’opinion sportive et les facebookeurs commencent à s’inquiéter, surtout lorsque l’entraîneur des Sanafir, Kheïreddine Madoui, déclare que son équipe a été soumise à une programmation«démentielle». C’està croire que certains de nos techniciens ne font pas le même métier que leurs collègues d’ailleurs. C’est vrai qu’ils sont davantage dans la récupération et la préparation tactique durant toute la saison, après une bonne préparation foncière d’avant-saison, et non pas à multiplier les arrêts de deux mois, les cycles et les micro cycles.
Il serait temps que la Direction technique nationale et le nouveau Collège technique de dire basta à un championnat fracassé.
– MALIK MOHAMED