. ALG : Le bilan de la FAF entre réalité et fiction (2) | Foot Afrique
AlgérieFootball algérienLes infos

ALG : Le bilan de la FAF entre réalité et fiction (2)

PAR MALIK MAOHAMED et NAZIM BESSOL

Walid Sadi souffle sa première bougie à la tête de la Fédération algérienne de football (FAF). L’occasion pour Botola de dresser un bilan, sans complaisance mais factuel de sa gouvernance et de ses réalisations. Il s’avère que le locataire de Dely Brahim a choisi de faire de l’effet d’annonce et du règlement de vieux comptes sa véritable politique. La concrétisation des vrais dossiers ? Rassembler la famille du football pour un véritable renouveau ? Ces questions, comme beaucoup d’autres attendront. PAR MALIK MOHAMED ET NAZIM BESSOL

Le cas Belmadi toujours pas réglé
Cette purge au niveau de l’assemblée générale s’accompagne, quelques mois après (dès la fin de la CAN-2023), du limogeage très maladroit via la plateforme X de l’ancien sélectionneur, Djamel Belmadi. Un dossier qui a fait beaucoup de bruits. Un camouflet qui hante jusqu’aujourd’hui Wa- lid Sadi. La Fédération avait pro- noncé une résiliation unilatérale, alors que dans un premier temps, le président Sadi avait annoncé, sur son compte personnel X, une séparation à l’amiable, quelques heures seulement après l’élimi- nation des Verts lors de la CAN- 2023 en Côte d’Ivoire, à l’issue de sa défaite face à la Mauritanie (0-1). L’ex-coach national n’a toujours pas reçu le moindre cen- time de ce que lui a proposé Walid Sadi à ce jour. En d’autres termes, ce contentieux est loin de révéler tous ses dessous et risque même de revenir tel un boomerang à la face de l’instance fédérale.

Textes et lois piétinés                                                                                                                                                           Depuis son arrivée à la tête de la Fédération, Walid Sadi a fait du piétinement des textes de la République, son sport préféré. La FAF n’a toujours pas mis en conformité ses propres statuts avec la loi nationale, notamment les décrets exécutifs n°22-309 et n°22-310 du 12 septembre 2022. Le premier modifiant et complé- tant le décret exécutif n°14-330 du 27 novembre 2014, fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement des fédérations sportives nationales ainsi que leurs statuts types (pages de 5 à 9), et le second modifiant et complétant le décret exécutif n°16-153 du 23 mai 2016, fixant les dispositions statu- taires relatives aux dirigeants sportifs bénévoles élus (pages 9 et 10). Tout comme la conformité avec les statuts de la FIFA. Que dire du cumul d’au moins cinq membres du Bureau fédé- ral ? Ils ont tous signé un enga- gement avant que le dossier de candidature ne soit validé par la Commission électorale. La tutelle s’est contentée de rappeler à intervalle régulier la nécessité de se conformer aux textes, sans jamais entreprendre la moindre mesure. Les relais de la Fédération, qui avait fait de cette patate chaude leur cheval de bataille du temps de Djahid Zefizef, se sont mis en vacances. Pourtant, la réglementation est claire à ce sujet à travers le décret exécutif n°60- 21 du 8 février 2021, relatif au non cumul entre la responsabilité élective et exécutive et la respon- sabilité administrative au sein des structures d’organisation et d’animation sportives, venu modifier le décret exécutif n°14-340 du 28 décembre 2015. Il est utile de rappeler sur ce chapitre, les cas de Azzedine Bennacer (président du NC Magra), Mohamed Ghouti (président de la Ligue de football de la wilaya d’Oum El-Bouaghi), Abdelhafid Fergani (président de la Ligue de football de la wilaya de Blida) et Touati Derdour (président de la Ligue de football de la wilaya de Mostaganem) qui avaient tous quitté le Bureau fé- déral en mars 2023, en se conformant à la réglementation. Le BF de Sadi est-il au-dessus de la loi ?

Un championnat loin d’être commercialisable
Sur le plan domestique, le championnat de la Ligue 1 Mobilis, édition 2023-2024, a été mar- qué, lui, par des insuffisances organisationnelles, une multitude de reports et de reprogrammation, des actes de violence et des erreurs d’arbitrage… toute la panoplie d’un championnat qu’il faut absolument revoir, revaloriser pour le commercialiser, comme avait promis… Walid Sadi. Le Bureau fédéral, réuni en juin 2024, a tenté d’en réduire les proportions, estimant qu’elles sont loin d’être inquiétantes et qu’il faudra accentuer les efforts sur la formation de la ressource humaine et faire preuve davan- tage de rigueur dans l’encadre- ment des rencontres. Qu’est-ce qui a été fait depuis pour réaliser et aboutir aux résultats escomptés ? Quel bilan, à quel résultat le BF a-t-il abouti depuis cette réunion ? Toujours au chapitre de la Ligue 1, la FAF n’a à aucun moment communiqué sur le dossier relatif aux droits de retransmission télévisuelle en faveur des clubs de l’élite, dans le cadre du contrat conclu avec l’EPTV pour le règlement des créances antérieures. Ni les sommes re- couvrées, voire le taux de recouvrement, ni les montants restants n’ont été révélés, surtout lorsque tout récemment le secrétariat général a de nouveau relancé l’EPTV concernant cette dette.

Diplomatie sportive de la chaise vide
Sur le plan international, le bilan de Sadi aura été marqué par le retrait des dossiers de candida- ture de l’Algérie pour les CAN- 2025 et 2027, la non-participa- tion au Championnat scolaire de la CAF-2024, l’impasse sur le CHAN-2025 et le forfait de l’USM Alger contre le club de la RS Berkane, dont l’affaire est toujours au niveau du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. Un peu trop pour une Fédération qui devait faire de la di- plomatie sportive son cheval de bataille pour redorer sa place au sein de l’instance continentale. Pour rappel, lorsque Walid Sadi, fraîchement intronisé, avait été questionné sur la diplomatie sportive, il avait répondu très maladroitement : «Pour moi, il n’y a pas mieux qu’obtenir de bons résultats avec toutes les sélections des A aux jeunes pour se faire respecter dans les instances. J’ai cette expérience», avait-il lancé.

Blackout médiatique
Sur tous ces dossiers et d’autres, Sadi a été plutôt muet, se contentant de très rares sorties médiatiques. Il est
le premier responsable de la Fédération à zapper systématiquement les médias, malgré les nombreuses sollicitations. La traditionnelle interview du début de saison n’a pas eu lieu cette fois-ci, y compris lorsque la Radio nationale l’a sollicité pour le grand rendez-vous du vendredi matin. Les conférences de presse semblent ne pas faire partie de son mode de fonctionnement, contrairement à tous ces prédécesseurs, obligés de venir expli- quer, détailler, voire débattre afin d’éclairer l’opinion sportive. Tout se fait par les sous-traitants et porte-voix qui distillent ici infos et intox ailleurs, les ballons- sondes pour agir au gré du vent. Mis à part une apparition sur la Télévision nationale et une intervention sur la Radio publique, au lendemain de son élection, Sadi n’a donné aucune interview, ni animé de point de presse, fuyant les micros et les projecteurs, donnant cette fausse impression d’être l’homme qui travaille plus qu’il ne parle.

Des commissions fantômes
Ce même constat peut s’appliquer aux différentes commissions présidées par les membres du Bureau fédéral, dont les comptes rendus des réunions mensuelles statutaires ne font que rarement part. Pourtant, chaque membre fédéral est appelé à être mis en avant à travers les travaux qu’ils mènent et les dossiers qu’ils traitent. Sur une année, l’opinion en général et la famille du football national en particulier n’ont eu droit qu’à quelques éphé- mères passages sur les activités de ces membres, exception faite des commissions, comme celle de la Coupe d’Algérie ou celle de la Ligue de football profession- nel, qui se contentent d’afficher juste les résultats. Pourtant, elles sont nombreuses les commissions, très nombreuses !

Regard sur l’équipe nationale
S’agissant du projet de rajeunissement entrepris en sélection, certains veulent l’attribuer à tout prix à l’actuel sélectionneur, Vla- dimir Petkovic, en usant d’ana- lyses malhonnêtes. L’idée semble être d’effacer des tablettes Dja- mel Belmadi les trophées de la CAN-2019, de la Coupe arabe de la FIFA et de la Coupe arabes U-17, qui ne sont plus exposés à l’entrée de la Fédération comme ils l’ont souvent été. Pourtant, nul ne peut contester que les arrivées des Houssem Aouar, Farès Chaïbi, Amine Gouiri, Rayan Aït-Nouri, Badreddine Boua- nani, Jaouen Hadjam, Yasser Larouci étaient sous l’ère Belmadi. En définitive, et en parcourant objectivement le bilan d’une année de Walid Sadi à la tête de la Fédération, débarrassé des coups de brosse et des sublimations tentés par certains, on constate qu’on est bien loin des promesses annoncées le 21 septembre 2023. Un bilan qui sera, selon le porte-voix Madame Soleil, rectifié et révisé dans le cadre d’un nouveau programme que son équipe concoctera en prévision du prochain mandat (2024-2028) puisque, d’ores et déjà, il compte se porter candidat. D’ici là, beaucoup d’eau coulera sous les ponts.

PAR MOHAMED MALIK ET NAZIM BESSOL

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité