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ALG : Grandes et petites histoires jamais connues du football algérien

PAR ADLENE MEDDI - LE POINT

Le magazine français LE POINT sous la plume du journaliste ADLENE MEDDI a publié un article sur le dernier livre de l’historien et journaliste algérien Ahmed Bessol Lahouari, Un ouvrage succulent qui offre une plongée inédite, souvent hilarante et parfois émouvante, dans un monde à part.

Dans son ouvrage, 250 grandes et petites histoires du football algérien (éditions Média Sports). Ahmed Bessol a rassemblé plein d’anecdotes de pratiques particulières cocasses ayant eu cours à tous les niveaux du football algérien. « Acheter » des arbitres, mobiliser des exorcistes, annoncer sa propre mort… Jusqu’où êtes-vous prêt pour gagner un match ? Dans un recueil succulent, l’historien du football nord- africain et journaliste sportif (lui-même ancien joueur) Ahmed Bessol « Lahouari », auteur notamment du très remarqué La Fabuleuse Histoire de la Coupe d’Afrique du Nord : les carnets secrets de la Mauresque 1930-1956, regroupe pas moins de 250 anecdotes et histoires du football algérien, de la période colo- niale à aujourd’hui. « L’idée d’écrire ce livre a germé durant l’été 1970 dans les pages estivales du quotidien La République (El Djoumhouria) d’Oran, explique l’auteur. Depuis, tout au long des années, au hasard des reportages avec la famille du football, les histoires du football national faisaient partie de nos rencontres. À la fin des discussions passionnées, sur l’avenir du sport le plus populaire du pays, débutaient nos troisièmes mi-temps. Nous étions loin de penser que ces moments de convivialité deviendraient un témoignage vivant d’une des parties de ce qu’a été notre football depuis l’indépendance du pays et bien avant. »

« Grands éclats de rire et parfois avec quelques larmes »
Ainsi est née l’idée de cet ouvrage à paraître prochainement en Algérie mais disponible à l’international via Amazon, son nom : 250 Grandes et Petites Histoires du football algé- rien (éditions Média Sports). Ahmed Bessol a ressorti ses vieux carnets d’écoliers, ses « compagnons » comme il les appelle, où étaient consignées ces histoires et anecdotes tout au long de sa longue carrière de journaliste spor- tif depuis le début des années 1970. « Il fallait entamer une première sélection avant d’effec- tuer un travail laborieux de recherche auprès des dirigeants, joueurs, entraîneurs, suppor- teurs, pour authentifier les récits, les complé- ter et surtout les sourcer », explique l’auteur, fondateur, notamment, du site d’information footafrique.com. « Certains acteurs les ont complétées, d’autres ont refusé d’être cités, tandis que d’autres encore ont préféré le temps de l’oubli. Mais la majorité a spontanément collaboré, parfois avec de grands éclats de rire et parfois avec quelques larmes en souvenir de ceux qui ne sont plus de ce monde », poursuit Ahmed Bessol. Rires et larmes : cela résume bien l’ambiance de cet ouvrage où s’égrènent les petits et grands moments du football algé- rien, avec des célébrités et des anonymes hauts en couleur, des situations loufoques, des scandales, des bizarreries…

La gangrène des matchs « arrangés »
On plonge, par exemple, dans les « combines » de certains indélicats patrons de clubs pour « arranger » le score en leur faveur. Les histoires foisonnent autour de ce thème et révèlent l’étendue de la corruption dans les champion- nats locaux où tous les coups sont permis. Nous revient, par exemple, cette histoire entre un arbitre et un président de Ligue locale. L’arbitre l’avait invité pour sa pendaison de crémaillère dans son nouvel appartement. En faisant visiter son domicile au président de la Ligue, l’arbitre s’excuse en montrant son balcon encore en tra- vaux. « Je n’ai pas assez d’argent pour terminer le balcon. » Le responsable de la Ligue réplique tout de go : « Ne t’inquiète pas, ce sera réglé cette semaine. Tu auras tel match à officier et je vois telle équipe gagner » ! Décontenancé, l’ar- bitre se rebiffe : « Je ne me vois pas faire rentrer le haram [l’illicite religieusement, la corruption dans ce cas] chez moi. » Le président met fin à la discussion par un : « Que vient faire le haram ici puisque le balcon se trouve en dehors de la maison ? » Il n’a pas froid aux yeux le président de la Ligue !

La ruse du « mort-vivant »
Dans d’autres cas, la roublardise de certains responsables de clubs est doublée, débordée sur les côtés dirons-nous, par la ruse de ceux- là mêmes qu’ils veulent corrompre. Ainsi l’histoire de cet arbitre qui accepte une « offre », mais fait gagner l’autre équipe prétextant une… confusion de couleurs de maillots trop semblables selon lui. En fait, il a été payé plus généreusement par l’autre équipe !

Certains sont prêts à tout, on l’aura compris, et même à l’inimaginable
Comme ce président de club qui cherche à tout prix à reporter un match à gros risque, plusieurs de ses joueurs étant blessés ou suspendus. Que faire à quelques heures de la rencontre fati- dique ? Le « génie » trouve la parade ultime. Le président du club réunit son comité et leur de- mande tout bonnement d’annoncer la nouvelle de sa mort ! Radio trottoir aidant, la fausse mauvaise nouvelle se répand vite. Les dirigeants adverses en signe de compassion acceptent de reprogrammer le match à une date ultérieure et l’arbitre à son tour y consent. L’équipe obtient son maintien et la saison d’après, grande est la surprise pour l’arbitre qui se trouve nez à nez avec le « mort-vivant », qui est venu lui ramener les licences.

L’exorciste officiel de la Fédé
Au-delà de la corruption, nous suivons aussi toutes ces histoires de superstitions et d’exorcistes, de gris-gris et d’« eau magique ». On apprend l’histoire de ce raqi, sorte d’exorciste connu en Algérie, qui voyage avec l’équipe nationale, notamment lors de ses stages de préparation il y a une dizaine d’années. « Il convoque un à un les joueurs dans sa chambre pour un rituel dont il semble avoir le secret. Il les allonge, une bassine remplie d’eau au pied du lit. Puis, tour à tour, il les arrose tout en entonnant des incantations. Les coéquipiers d’Antar Yahia sont sidérés devant les notes en pourcentage qu’il leur attribue », raconte Bes- sol dans cet ouvrage. Tel joueur est envoûté à 40 %, un autre à 60 %, etc. L’opération se pousuit jusqu’à ce que tous obtiennent 0 %. C’est-à-dire jusqu’à l’élimination complète du mauvais sort, d’après l’exorciste de la Fédération algérienne de football. Mais les incantations de l’expert en démonologie n’y font rien : les Verts s’inclinent devant l’Égypte 2-0 et le raqi officiel est aussitôt ren- voyé chez lui…

Des supporteurs hors
du commun

Mais le football, c’est aussi les sup- porteurs et leur ferveur. Lors de la ren- contre historique en Coupe de monde 1982 en Espagne entre l’Algérie et l’ex-RFA, un supporteur algérien est
outré par les pronostics donnant les
Verts écrasés par la machine alle-
mande. Le sélectionneur allemand Jupp Derwal annonça même qu’en cas de défaite, il rentrerait à pied dans son pays… Alors le sup- porteur des Verts prend un engagement public et solennel : si l’Algérie gagne, il défilera du stade au centre-ville de Gijon en… caleçon ! Au coup de sifflet final (2-1 pour l’Algérie), l’homme enlève son pantalon, le plie soigneu- sement, puis, entouré par des supporteurs algé- riens, parcourt les artères de la ville en petite tenue, sous les applaudissements hilares des ha- bitants de Gijon, « qui s’en souviennent encore », témoigne l’auteur.

Histoires émouvantes
Il y a aussi des histoires d’amour, enfin d’amours transversaux ou concurrents. Comme ce mari qui ne rate jamais un seul match de sa femme, gardienne de but de football dans un club algérien. Lors d’une rencontre, après l’avoir longtemps encouragée du haut de la tribune, voilà qu’il assiste à une grave erreur commise par celle-ci à la dernière minute, ce qui permet à l’équipe adverse de marquer et de gagner le match. « On vit alors le mari pénétrer sur le terrain, piquant un sprint d’une cinquan- taine de mètres, puis sortir de sa poche ce qui ressemblait au loin à un carnet. Puis, devant sa femme et ses coéquipières ébahies, il déchire en mille morceaux le livret de famille. L’histoire ne dit pas si le couple a divorcé. Ce qui est sûr, c’est que la gardienne a poursuivi sa carrière de footballeuse », écrit Ahmed Bessol.

La fille retrouvée de Kermali
Mais il y a aussi des histoires poignantes, émouvantes. Où l’on voit, par exemple, l’ex- sélectionneur Abdelhamid Kermali, ex-joueur du Onze du FLN, retrouver par hasard, lors du stage de l’équipe nationale à Rome à la fin des années 1980, sa fille italienne et son petit-fils, qu’il n’a jamais connus, fruit d’un amour de jeunesse… Ou encore cette femme oranaise qui retrouve son fils qu’elle a laissé à une famille algéroise quand il avait six mois, avant de re- faire sa vie. Devant sa télé, elle le reconnaît, vingtenaire, évoluant au CR Belouizdad (club algérois). « Le lendemain du match, elle appelle la direction du CR Belouizdad qui lui confirme la date de naissance de Sofiane. Il n’y avait plus de doute. Elle le contacte et, depuis, la maman et Sofiane ne se quittent plus. Elle assiste même au match de son fils à Oran. »

ADLENE MEDDI

Le livre est disponible sur Amazon. Il sera bientôt en Librairie en Algérie à partir de la fin du mois de novembre.

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