Ayant assisté au tirage au sort, le sélectionneur de l’équipe nationale A’, Madjid Bougherra, connaît désormais ses adversaires en Coupe arabe. Dans cette interview, « Magic » est revenu sur la feuille de route pour préparer les deux compétitions, à savoir le CHAN et la Coupe arabe. DE NOTRE ENVOYE SPECIAL A DOHA, NAZIM BESSOL.

Quelle est votre impression après le tirage au sort ?
Ça va être un groupe comme tous les autres, rien n’est acquis, rien n’est facile. On a l’équipe d’Irak que nous connaissons bien. Une équipe avec beaucoup d’expérience, très dure à jouer. On a le Bahreïn ou le Djibouti. On verra ce qu’il en sera. Ensuite, j’ai oublié le Soudan ou le Liban, deux équipes qu’on connaît, qu’on a déjà eues lors de la dernière Coupe arabe. C’est encore un peu trop tôt pour bien décortiquer ces équipes. On aura le temps pour le faire. On va les suivre à travers les qualifications de Coupe du monde et bien préparer les choses.

Comment allez-vous gérer la préparation de l’équipe ?
Nous serons confrontés à des difficultés qui consistent à trouver de bons matches amicaux parce que beaucoup d’équipes sont en pleines éliminatoires de la Coupe du monde. On va essayer, aux mois de septembre et d’octobre, de trouver des sparring-partners. Le CHAN serait une première partie. Et à partir de septembre, nous allons être focus sur la Coupe arabe. Beaucoup d’équipes ont vu l’engouement de la dernière édition. On est le tenant du titre, mais dans le football, c’est une remise en question perpétuelle. Pour moi, tout le monde est favori. L’Algérie n’est pas la seule. Tout est possible. Ce sont des nouvelles équipes, des nouveaux joueurs et, Incha-Allah, que le meilleur gagne.

Vous avez déjà déclaré que les joueurs qui participeront à la CAN (au Maroc) ne seront pas dans votre groupe. Est-ce que cela ne va pas handicaper par rapport à ses concurrents directs ?                             Écoutez, j’ai l’habitude de faire face à cette situation-là. Vous savez, à chaque compétition, il y a eu des mouvements, à chaque mercato. C’est vrai que c’est l’idéal pour les équipes asiatiques puisqu’elles se présenteront avec leurs équipes A qui sont ensemble depuis un certain temps. Ce qui est sûr, c’est que la Coupe d’Afrique (CAN) aussi est très importante, même plus importante que la Coupe arabe, pour être honnête.

Donc, les joueurs concernés par la CAN ne vont pas être retenus pour la Coupe arabe, n’est-ce pas ? C’est tout à fait normal qu’ils ne puissent pas être à la Coupe arabe, parce qu’on sera à trois jours près si on arrive en finale. Toutes les équipes commencent une compétition en prenant en compte la possibilité de faire jouer quelques éléments au premier tour. Mais c’est compliqué, car c’est prendre des risques. Et surtout qu’une compétition comme la Coupe d’Afrique se prépare depuis longtemps. On verra avec le coach Petkovic, qui sera disponible pour la Coupe arabe.

Pensez-vous avoir les moyens de réaliser le même parcours que la précédente édition ?
Le football est dur, mais le plus important, c’est la régularité et gagner des matches, c’est ce qu’il y a de plus dur. Voilà, on espère de tout cœur de refaire le même parcours. Il faut aborder les matches un après l’autre, comme une finale. Il ne faut pas s’enflammer, on n’est pas favoris, on part à chances égales, mais on fera tout pour rendre notre peuple heureux Incha-Allah.

Le rendement pendant le CHAN aura-t-il une incidence par rapport à l’équipe qui va jouer la Coupe arabe ?
Sincèrement, je dirai non. Comme je l’ai dit, c’est deux phases, deux projets complètement différents. Ça me permettra justement de sélectionner et de voir quel joueur serait susceptible d’intégrer la Coupe arabe. Et en toute franchise, je dis que les places vont être chères parce que vous savez qu’il y a beaucoup de joueurs qui jouent dans les différents championnats du Golfe. On peut même trouver des joueurs en Europe qui puissent venir pour la Coupe arabe, comme Hannibal Mejbri avec la Tunisie qui a pu se libérer. Il y a cette possibilité, et j’ai des pistes en tête. Après, on verra avec le club et le joueur si ce sera possible.

Donc, on aura deux équipes différentes, n’est-ce pas ?
Ce sera à partir du mois de septembre qu’on verra plus clair. Ce que je crains pour les joueurs qui seront au CHAN, c’est le manque d’une préparation parce que le championnat se terminera le 21 juin. La préparation est la base, la chose la plus importante pour pouvoir être au top. Sachant qu’on reprendra autour du 10 juillet, combien de temps de préparation auront-ils ? Peut-être deux semaines puisque le CHAN débutera le 2 août. Cette compétition sera très délicate, mais ça fait partie du métier.

C’est une étape de préparation pour la Coupe arabe, alors ?                                                                      Écoutez, moi j’aime bien jouer toutes les compétitions en essayant de les gagner parce qu’on est des compétiteurs, mais ce sont deux projets complètement différents. Si on a l’occasion de faire la même chose qu’on a faite en Algérie lors du dernier CHAN, ce serait bien, mais l’idéal est d’aller jusqu’au bout et la gagner. Après, tout dépendra des joueurs, de l’état de forme et des conditions qu’on trouvera là-bas.

Avez-vous tracé le programme du mois de juin ?
Nous avons un match face au Rwanda le 9. On va faire un stage très court de trois jours. Les joueurs sont fatigués. On est en fin de saison. Donc l’idéal, c’est de faire jouer deux équipes, 45 minutes chacune. Après la fin du championnat, on va collaborer avec les clubs pour demander quand ils reprendront par rapport aux joueurs sélectionnables. C’est délicat de prendre les joueurs nous-mêmes et de leur faire la préparation. J’aurais aimé les laisser à la disposition de leur club et les récupérer le plus tard possible. Qu’ils aient une vraie base de préparation physique. C’est vraiment un casse-tête.

Est-ce qu’il y aura de nouveaux joueurs par rapport au stage du mois de juin ? On peut voir d’autres noms ? Oui bien évidemment.                                                                                                                                                     On a une liste élargie de 40 joueurs. Il y a beaucoup de joueurs qui méritent d’être dans cette liste-là. Mais il y a des possibilités de départ vers l’étranger. Il y en a qui sont quasiment acquis, je pense. Il faut voir d’autres éléments et les préparer à des éventualités. Et après, c’est vrai que, en ce qui concerne les jeunes joueurs, aujourd’hui, on n’a pas énormément qui sortent du lot. On a la génération U-20 avec Akhrib et Kohili, par exemple. Pour les U-23, on a Bouras, Boulbina, qui sortent du lot.

Il y avait quelques critiques lors du précédent stage et la liste des joueurs, quelle est votre explication ?
Vous me parlez de Chetti et Draoui ? Si vous comparez l’équipe qu’on a eue au dernier CHAN, joué en Algérie, il n’y avait que Mahious, Meziane… Même pas, Benbot. Donc, il y a quasiment 90% de l’équipe qui a changé. Et en ce qui concerne Chetti, je connais ses qualités et ses défauts. Je sais ce qu’il peut donner encore et surtout son expérience. Il a beaucoup aidé lors du match face à la Gambie où on est revenu avec zéro but encaissé. Et après, vous avez Draoui. Pour moi, il est encore jeune. Vous avez vu quand il est rentré, il a stabilisé le milieu de terrain. C’est une valeur sûre. Aujourd’hui, en milieu de terrain, on n’a pas trop de qualité. Cela ne veut pas dire que je suis proche d’eux ou quoi que ce soit. Quand il s’agit de faire des choix, je le fais tout simplement pour gagner des matches.

Le départ de Boulbina va perturber l’ossature de l’équipe ?
Non, c’est un plaisir pour lui. Le but, c’est justement que nos joueurs aillent dans les meilleurs championnats du monde. C’est l’objectif de l’équipe A’. Ce n’est pas de retenir le joueur. Si quelqu’un part, c’est réussi. C’est- à-dire que le club a bien fait le boulot.

PROPOS RECUEILLIS À DOHA PAR NAZIM BESSOL