
«Rien ne nous arrive par hasard». Mesurant parfaitement l’incroyable chapitre de sa vie qu’il vient de clore avec le bonheur de retrouver les terrains et le haut niveau, Nabil Bentaleb, un brin philosophe, est revenu en détails sur les huit mois qu’il a vécus entre sa crise cardio-respiratoire et son retour triomphal sous le maillot lillois.
Dans un court documentaire d’une douzaine de minutes, intitulé « Nabil Bentaleb, 243 jours après » et mis en ligne vendredi en soirée sur son portail électro- nique officiel, le LOSC a rendu un vibrant hommage à son mi- lieu de terrain en lui donnant la parole pour retracer ce parcours du combattant. «Je ne me voyais pas terminer mon aventure au LOSC comme ça. Alors que j’ai retrouvé l’entraînement collectif, donc ça ne pouvait qu’aller bien», dira d’emblée le mondialiste 2014 avec les Verts dans ce reportage au cours duquel il fend le masque comme jamais auparavant. «Honnêtement, ça me rendait triste de devoir arrêter le foot mais de ne pas l’arrêter de la manière avec laquelle je voulais. Après, il y a des choses qu’on ne contrôle pas. La seule chose que je pouvais faire c’est d’espérer et de me donner les moyens de me redonner une chance».
«Ça me rendait triste d’arrêter…»
«C’est ce que j’ai réussi à faire bien sûr avec l’aide de tout le monde, le club, le staff, ma famille et les gens qui sont en dehors du club également. On a réussi un travail formidable pour pouvoir revenir en position assez favorable pour pou- voir reprendre l’entraînement. Je n’avais pas l’habitude d’être aussi loin des terrains autant de temps. Ça fait 7 mois que c’est arrivé. Aujourd’hui, je suis frais !», annonça le récent trentenaire, avant de détailler ce qui lui a permis de revenir aussi fort. «Après mon accident, j’ai eu une période de convalescence où pendant un bon mois, je ne pouvais pas faire grand-chose. Pendant deux semaines, même me lever était un peu compliqué. On ne pense pas trop au foot déjà. Il y a des choses qui passent bien avant le foot comme la santé physique et la santé mentale».
«Le dernier mois a été le plus dur»
«Quand on a la chance d’avoir une famille autour de nous qui tient à nous, qui nous supporte avec ou sans le football, je pense que le plus important était de rassurer un peu tout le monde, même se rassurer un peu soi- même», indiquera Bentaleb. Et d’enchaîner : «Après avoir repris les entraînements, je me sentais bien, je commençais à retrouver mes sensations et à appliquer le protocole que le cardiologue m’avait donné à la lettre. Ensuite, c’est allé crescendo, étape par étape, j’avais toujours quelque chose en ligne de mire.
J’ai eu une pause d’environ un mois et demi et pour me remettre les idées en place et bien réfléchir à ce que je voulais faire par la suite, j’ai été chanceux d’avoir été présenté à un cardiologue Harald Jorstad. J’ai eu la chance de le rencontrer, il m’a redonné confiance en moi, m’a redonné confiance en mon corps, qui m’a permis d’évoluer dans un environnement sain».
«Pas une décision à prendre à la légère»
«Ensuite, ça a été étape par étape, il y a eu le processus qui commençait par reprendre la course vraiment comme monsieur toute le monde, puis a évolué stape by stape jusqu’à évoluer au niveau de la compétition. Ça a été ça, à peu près, le cheminement pour arriver jusqu’à la reprise de la compétition officielle». Redevenu membre à part entière de l’équipe de Bruno Génésio, l’ancien kid de Tottenham révèlera, en outre que «c’est le der- nier mois qui a été le plus long». «Car, d’un point physique, on avait tout fait. On attendait la décision de la commission médicale de la FFF qui prenait certes du temps, mais c’était compréhensible. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère mais forcément, moi de l’autre côté, j’étais impatient, c’est pour cela que le temps paraissait très long pour moi».
«Les gens ont vu tout le travail qui a été fait»
«Quand on a eu la décision de ladite commission, forcément on était super contents après tout ce qu’on a vécu. Avoir l’opportunité de réaliser quelque chose de positif, c’était vraiment important pour nous. Même les gens autour de moi ont vu tout le travail qui a été fait dans l’ombre, à quel point ça a été difficile à certains moments, voir qu’à la fin, on a réussi, c’est très important», reconnaissait-il. Confirmant sans ambages que «c’est la plus grande épreuve de (ma) vie», Nabil Bentaleb n’a pas non plus hésité à mettre en exergue ce que cette expérience lui a apporté.
«J’ai su qui j’étais»
«J’ai su qui j’étais dans ce moment-là. Je pensais qu’une épreuve difficile était perdre un match ou rater un penalty, mais ce n’est pas ça le plus difficile. Je ne l’ai pas fait tout seul. J’ai été aidé et je ne pense pas que j’aurais réussi si je n’avais pas été aidé et entouré de ma famille, mes parents, mes frères, mes sœurs, mes amis et tout l’environnement autour. Au final, je suis arrivé et j’ai réussi à atteindre notre objectif à tous. Il y a énormément de monde que je voudrais remercier. Le président (Olivier Létang) parce que s’il y a bien un club où j’avais ne serait-ce qu’une demi-chance de revenir après ce que j’ai vécu, c’est Lille. Je voudrais aussi remercier le coach, mes coéquipiers bien sûr ainsi que tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin», conclut, avec le sourire, le revenant lillois.
RACHID BELARBI