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AFR : Le retour en force du football « Sudaf »

MOHAMED MALIK

Pirates et Mamelodi Sundowns en Ligue des Champions, Stellenbosch FC en Coupe de la Confédération : le foot sud-africain annonce son retour en force sur la scène continentale.

Le football sud-africain confirme, d’année en année, son retour au premier plan. Que ce soit à travers ses sélections nationales — qualifiées à toutes les CAN (les U17, éliminés hier par le Maroc en quart de finale, 1-3 ; les U20 sont attendus en Égypte ; et les séniors au Maroc en décembre, alors que les féminines, championnes d’Afrique, iront défendre leur titre en juillet, toujours au Maroc) — ou bien ses clubs, dont trois sont déjà dans le carré final des deux compétitions continentales de l’édition 2024-2025.

Les Orlando Pirates, tombeurs du MC Alger en quart de finale (0-1 et 0-0), et les Mamelodi Sundowns, qui ont fait de même face aux Tunisiens de l’ES Tunis (1-0 et 0-0) en Ligue des Champions ; et le Stellenbosch FC, en Coupe de la Confédération, qui a écarté le Zamalek (1-0 et 0-0). Petitement, certes, mais sûrement, face à trois clubs nord-africains — notamment les Tunisois de l’Espérance, les Cairotes du Zamalek, rompus à ces joutes interclubs — où même les Algérois du Mouloudia n’ont pas démérité.

Mais une chose est certaine : le retour en force du football sud-africain sur la scène continentale est loin d’être un fruit du hasard ou une tendance passagère. C’est le résultat d’une politique mise en place depuis au moins deux décennies, s’appuyant, d’un côté, sur un travail de fond mené par la fédération dans les domaines de la formation et du développement à travers les académies ; et, d’un autre côté, sur les clubs qui puisent leur énergie dans un grand vivier de talents, tout en assurant une prise en charge de grande qualité sur le plan de la détection et de la formation.

À cela s’ajoute le football scolaire, où l’Afrique du Sud possède une grande tradition, comme en témoigne le sacre de l’équipe féminine lors du dernier Championnat d’Afrique scolaire de 2024. Et, en évoquant le football féminin, il n’est pas étonnant que l’Afrique du Sud soit tenante du trophée remporté en 2022 à la CAN du Maroc, mais aussi chez les clubs, où les filles des Mamelodi Sundowns sont déjà vainqueures à deux reprises sur les quatre éditions organisées jusqu’ici par la CAF (2021 et 2023).

Longtemps confronté à plusieurs difficultés — tels que le manque d’investissement dans les projets de développement de base ou les inégalités raciales —, le pays des Bafana Bafana a changé de cap en mettant en œuvre de vastes programmes et des académies permettant l’accès à un grand nombre de jeunes talents, chez les garçons comme chez les filles, pour construire, à long terme, une base solide permettant d’alimenter les clubs et les sélections nationales. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que, lors du match contre le MCA, Orlando Pirates alignait six joueurs internationaux !

À cela s’ajoutent la qualité des infrastructures — stades et terrains d’entraînement — et une ouverture aux compétences étrangères pour encadrer et accompagner activement le développement et la promotion du football, sans oublier l’organisation de nombreux tournois (l’Afrique du Sud a déjà accueilli deux CAN, en 1996 et 2013, et une Coupe du Monde en 2010), notamment pour les jeunes catégories.

Mais l’initiative la plus porteuse demeure celle liée à la création d’académies de football, où l’on fait adapter le style et la culture de jeu aux capacités et spécificités des jeunes footballeurs, ce que de nombreux observateurs perçoivent dans la façon d’évoluer des équipes sud-africaines.

L’autre particularité, conséquence de ce choix stratégique, c’est que les Bafana Bafana s’appuient souvent sur une sélection composée de joueurs évoluant quasi exclusivement dans le championnat local — un cas rare en Afrique, à l’exception de l’Égypte. Ce fut le cas lors de la dernière CAN 2023 en Côte d’Ivoire (20 joueurs sur les 23 présents étaient des locaux), où les hommes d’Hugo Broos avaient laissé une forte impression en atteignant les demi-finales, avant d’être éliminés par le Nigeria aux tirs au but (1-1, 4-2 tab).

Pas de vedettes particulières, mais une équipe collective, solidaire et compacte, qui se dépense sur le rectangle vert comme le font, chaque week-end, ses joueurs sur les terrains de la Premier Soccer League. Au point de faire dire à des spécialistes que l’équipe sud-africaine donne l’impression d’avoir des automatismes naturels et joue comme un club. Cela s’explique quand on sait que la moitié de l’effectif vient des Mamelodi Sundowns, le club qui domine le foot sud-africain ces dernières années. C’est tout simplement la méthode        « Sudaf ».

Mohamed Malik

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