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AFR : L’AIPS/Afrique s’adresse à Motsepe

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Le président de l’AIPS/Afrique, Abdoulaye Thiam au nom du Comité exécutif, a adressé une lettre ouverte au président de la CAF Patrice Motsepe sur les dérives de l’instance continentale du football. L’organisation des journalistes attire particulièrement son attention sur «les influences étrangères» quant à la politique sportive de notre continent sportif et donc de son développement. Botola dont le directeur de la rédaction Nazim Bessol est vice-président de l’AIPS /Afrique publie pour ses lecteurs, dans son intégralité, le document.

Le 12 mars 2021, un vent nouveau soufflait sur la Confédération afri- caine de football (CAF) au bord d’une impasse financière. L’instance faîtière du football continental affichait un déficit financier annuel avoisinant les 10 millions de dollars US, selon Fouzi Lekjaa, le pré- sident de sa commission des finances.
Grâce à votre entregent et, surtout, fort de vos capacités managériales, la CAF est en passe de retrouver une santé financière. En témoigne l’appui de votre Fondation qui a fait un don de 10 millions de dollars US en vue de l’organisation du championnat africain de football scolaire dans le but de former des leaders de demain. Votre volonté de rendre la CAF compétitive et autonome ne souffre donc aucune ambi- guïté. Cependant, Monsieur le Président, les balbutiements et autres incertitudes observées autour de la programmation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) laissent plus d’un songeur quant à la pé- rennité de la compétition majeure de notre continent qui peine à trouver une place dans le calendrier international.

La CAN, la plus lucrative de la CAF

Ajoutées à cela, les influences externes et la surcharge du calendrier international, calqué sur les intérêts européens, contri- buent à rajouter au scepticisme ambiant quant à la survie de la compétition la plus lucrative de la CAF, et donc économiquement vitale pour elle… Depuis 2017, l’Afrique du football a du mal à maîtriser son agenda. Les récurrents problèmes de programmation de ses compétitions font de la CAF une victime des dommages collatéraux dans la «guéguerre» entre l’UEFA et la FIFA. En effet, l’instance du football européen a contribué à surcharger le calendrier international avec la créa- tion de la Ligue des nations qui se joue lors des dates FIFA. D’où la rareté, voire l’impossibilité, pour une sélection afri- caine, d’avoir pour sparring-partner une équipe européenne ; sauf lorsque celles-ci se retrouvent dans une même poule après un tirage au sort d’une Coupe du monde tous les quatre ans.

La dépendance du Caire vis- à- vis de Zurich

Quant à la FIFA, en plus de la Coupe du monde arabe, elle a aussi créé la Coupe du monde des clubs. Pis, elle décide de faire jouer cette dernière compétition du 15 juin au 13 juillet 2025 ; une période ini- tialement choisie par le Maroc pour abri- ter la CAN- 2025. En fait, la dépendance du Caire vis-à-vis de Zurich a permis à la dernière trouvaille des compétitions de la FIFA de bousculer allègrement la CAN vieille de 67 ans. Or, Monsieur le Pré- sident, le basculement de la compétition phare africaine d’une année paire pour une année impaire répond à une logique et à une revendication des joueurs africains qui arrivent souvent lessivés lorsque l’organisation d’une CAN, en année paire, coïn- cide avec l’année de la Coupe du monde. Fort de ce constat, préoccupée par les performances des équipes africaines mais aussi et, surtout, soucieuse de la santé des footballeurs – disputer deux compétitions majeures en une année peut s’avérer épui- sant pour les joueurs-, la CAF avait décidé d’organiser en 2013 sa première CAN en
année impaire en Afrique du Sud.

La nation ou le club employeur

Ce changement avait le mérite de régler la sempiternelle question de la participation des stars africaines à la CAN ; confrontées qu’elles étaient à un dilemme cornélien entre répondre à l’appel de la nation et le risque de perdre une place acquise de haute lutte en club ; voire de ne pas trouver un contrat avec un club employeur lors des CAN disputées en janvier-février. Mais au-delà de la période, nous voulons égale- ment attirer votre attention sur la périodicité de la CAN. Organiser la compétition tous les deux ans, et non par olympiade, répond à une politique savamment mûrie par vos illustres prédécesseurs dont le Pré- sident Issa Hayatou. Cette logique a d’ail- leurs permis à plusieurs pays de se doter d’infrastructures sportives de classe et à d’autres de moderniser les leurs. Pour rappel, lors des qualifications à la Coupe du monde «Qatar -2022», plus de 23 pays africains ne disposaient pas de stades répondant aux normes internatio- nales en matière de sûreté et de sécurité pour abriter des matches FIFA/CAF. Les sélections nationales des pays confrontées à ces difficultés étaient alors condamnées à l’errance.

Un devoir pour les dirigeants

Il est donc aisé de comprendre, Monsieur le Président, que la période et la périodicité de la CAN ici invoquées semblent non négociables parce que contribuant au développement du football sur notre continent. Par conséquent, il est du devoir des dirigeants de la CAF, en tant que personne morale, de défendre et de protéger les compétitions africaines afin qu’elles ne meurent pas de leur belle mort (la CAN féminine a été une nouvelle fois reportée. Quant au CHAN, il a, pour l’instant, disparu….). Ce qui passe, entre autres, par une maîtrise de l’agenda continental et donc la régularité des compétitions de la CAF ; la prise en compte affirmée et affichée desdites compétitions dans le calendrier international qui nécessite une refonte. Au demeurant, il importe de déconstruire l’image de bétail électoral abusivement collée à l’Afrique et la faire peser de son poids réel de 54 voix (qu’elle représente) dans les débats et le dialogue avec la FIFA, en offrant des solutions constructives en vue d’accélérer une réforme du calendrier international. Il est donc attendu des dirigeants de la CAF de faire respecter le football africain qui regorge de très grands joueurs, dirigeants et autorités.

Le rôle central de l’Union africaine

Nous voulons, à ce propos, rappeler que de nombreuses personnalités publiques du continent parmi lesquelles des chefs d’État, des dirigeants du football africain, des footballeurs en activité et/ou à la re- traite, ainsi que diverses parties prenantes ont contribué à remettre le sport roi afri- cain sur les rails (…) . Parmi les chefs d’État africains, nous pouvons citer Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo, alors président de l’Union africaine, sans occulter le rôle central de l’Union africaine et ses engagements en faveur de la jeunesse, du développement du sport et du football en particulier.
Monsieur le Président, vous vous revendiquez comme étant un disciple de Nelson Mandela. Un homme multidimensionnel, respecté et respectable. Un homme de refus. Alors, refusez, vous aussi, d’être un faire-valoir.

Vive le sport ! Vive le football ! Vive l’Afrique

Pour le Comité exécutif, le Président Abdoulaye Thiam

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