
Il fait ce qu’on lui demande de faire. Malgré la victoire des Verts face au Botswana (3-1), lors de la 7e journée des éliminatoires de la Coupe du Monde-2026, le sélectionneur national, Vladimir Petkovic , n’a pas été épargné par les critiques. Lors de la conférence de presse d’après-match face au Botswana, le coach des Verts Vladimir Petkovic a été comme à son habitude avare en explications détaillées sur le rendement de son équipe, esquivant la pertinence de certains journalistes en un quart d’heure.
Il est clair qu’après plus d’un an et demi depuis son arrivée à la tête des Verts, Vladimir Petkovic ne changera en rien sur le plan de la communication. Il a bien été briefé dès le départ pour ne parler que dans la langue de Dante, de faire des réponses très courtes et répéter s’il le faut les mêmes rhétoriques comme celles de «la porte de l’équipe nationale est toujours ouverte», ou bien «j’ai sélectionné les joueurs les plus en forme», même si derrière il est vite contredit par les stats des uns et des autres.
Et puis, ce qui est toujours curieux à l’ère des réseaux sociaux, c’est d’aller lire les commentaires et écouter les réactions que ce soit de la part de supporters anonymes sur leurs pages personnelles ou bien des youtubeurs qui ont pignon sur la toile bleue. Il en ressort de tout ça un sentiment mitigé entre une certaine satisfaction de la victoire, car elle permet aux Verts d’asseoir son leadership dans son groupe, et une inquiétude pour ne pas dire un rejet, du contenu de jeu de l’équipe, du rendement et de la présence même de certains joueurs au détriment d’autres.
Bref, que reproche-t-on vraiment à Vladimir Petkovic ? En clair, cette absence de «renouvellement» de l’équipe, la mise dans le bain de jeunes capables de reprendre le flambeau et de s’assurer une pérennité dans la performance, comme le font d’autres sélections. On a tendance à croire que l’opinion et les supporters des Verts n’arrivent pas à faire le distinguo entre l’objectif et le projet «Équipe nationale». Pour la simple raison que Petkovic a explicitement dans son contrat la mission de qualifier la sélection pour la Coupe du Monde.
La manière et encore moins le risque de rajeunir l’équipe importent peu. Il ne s’agit pas de s’inscrire dans un projet à plus ou moins moyen et long terme. C’est la feuille de route imposée par la fédération qui prime. Et le ministre-président Walid Sadi l’a confirmé. Il n’a qu’une seule idée en tête : la qualification au prochain Mondial. Ce qui est politiquement, médiatiquement et financièrement très rentable. Il importe de biffer les absences de 2018 et surtout 2022 et donner à l’opinion sportive, l’impression que le football est sur la bonne et la vraie voie du renouveau.
Or, tout le monde est convaincu, et les réseaux sociaux l’affirment car étant le reflet de la société également, que le football algérien surfe sur sa seule équipe nationale. Elle- même est un héritage façonné par ceux qui sont passés, sauf que ce même football n’a aucune vision futuriste, ni un projet viable et ni une stratégie d’avenir. La situation alarmante de l’amateurisme, le niveau et les conditions précaires du professionnalisme, l’absence de tout système de formation à la base, et les échecs récurrents de toutes nos sélections jeunes témoignent de l’inexistence d’une stratégie de soft power.
Quant à Vladimir Petkovic, il ne faut pas lui en vouloir ni trop lui demander, car il est dans sa logique et son objectif contractuels, avec déjà un salaire et des primes conséquents. Quant à la fédération, elle par contre, sera un jour comptable sur tous ses choix et ses résultats à l’avenir, et non pas seulement sur une «simple» qualification qui coulait déjà de source dans un contexte et sur la base d’acquis favorables. Faut-il rappeler qu’un immense footballeur aux deux médailles d’or a été débarqué de la sélection nationale parce qu’elle jouait devant 800 spectateurs seulement?
– MALIK MOHAMED