«Mahrez est un grand joueur et il a beaucoup apporté. C’est certainement un atout majeur quand il est avec nous.» Ces propos de Aït-Nouri, tenus à la fin du match contre la Guinée (1-2) au Nelson-Mandela de Baraki, pour le compte de la 3e journée des éliminatoires de la Coupe du monde, vont-ils lui valoir, dans les prochaines semaines, une odieuse campagne de presse pour le black-lister de l’équipe nationale comme bien d’autres ? Une telle question peut surprendre, mais elle concerne dans sa globalité la feuille de route actuelle, fournie par un vieux logiciel à la nouvelle FAF. L’objectif est de salir ou de ternir ceux qui ont contribué à hisser le football national sur le toit de l’Afrique. Mais pour quels intérêts ? Sont-ils personnels ou servent-ils le développement de notre football ?

Les propos de Aït-Nouri sont une vérité première pour tous les spécialistes du football. De génération en génération, en club ou en équipe nationale, le football national a engendré une forte individualité qui de par son exemple (talent, solidarité, générosité, discipline) les symbolisait sur le terrain. En exemple : Ahcene Lalmas (CR Belcourt), Freha Abdelkader (MC Oran), Zoubir Bachi (MC Alger), Boualem Amirouche et Salah Assad (RS Kouba), Lakhdar Belloumi (GC Mascara), Ali Fergani (NA Hussein Dey), Abdelhakim Serrar (ES Sétif), Yacine Titraoui (Paradou AC) … la liste est encore longue. Ainsi, le temps n’a pas effacé l’Histoire, quand bien même il lui arriverait de bégayer.

Si l’on quitte le rectangle vert pour aller vers celui de la table, qui n’est jamais ronde, on remarquera que le football national n’a pas été, au fil des générations, géré par des compé- tences, surtout entre la période 2000 et 2017. On a assisté (à quelques exceptions près) à l’émergence d’individus qui n’ont rien à voir avec le football. Certains d’entre eux crou- pissent en prison, d’autres sont dans l’attente. Ce que Cheikh El Anka et Toumi appellent « Shab ghir aji wa zdam), des issabistes qui se la jouent « bon chic, bon genre et bon hadj» et qui ne sont en vérité que des opportunistes. Ils ont apporté le régionalisme, la corruption, la vio- lence … et intégré le monde des affaires et de la finance, ainsi que le statut de VIP au niveau des instances internationales de la balle ronde, en se servant du prestige de l’Algérie.

Dans la continuité, l’actuel responsable de la FAF, muet comme une carpe à la suite de la défaite contre la Guinée, a repris des couleurs pour tenir des propos incendiaires à Kampala, sur la chaîne Ennahar –TV, pour dénoncer « une campagne de déstabilisation », dont il est pourtant l’initiateur, à la suite de la publication de la liste des joueurs, sans les trois cadres : Mahrez-Slimani-Belaïli. C’est lui qui a approuvé, sinon provoqué la réaction négative du public contre l’équipe nationale, victime « collatérale » du conflit. Aujourd’hui, il cherche
à duper l’opinion sportive en déclarant : «J’ai parlé récemment avec le sélectionneur national, et il rencontrera Mahrez, dans les prochains jours, pour lever cette ambiguïté entre eux.»

Plus encore, pour mieux se dédouaner, le loca- taire de Dely Brahim se veut rassembleur, en donnant de l’espoir aux supporters de l’équipe nationale avec un : «Peut-être que Mahrez reviendra avec nous lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations, en septembre prochain, car l’équipe nationale a besoin de tous les joueurs.» Est-ce à dire que la feuille de route a des ratés ? Ou bien, s’est-on rendu compte que l’équipe nationale avec Yacine Brahimi a été fiasco ? Qu’importe, là n’est pas le problème. Il est devenu vital que l’ancien logi- ciel disparaisse des radars du football national, et surtout d’envisager (après les élections pré- sidentielles de septembre prochain) la convo- cation d’une assemblée générale extraordinaire de la FAF, pour une mise en conformité de ses statuts. Cela n’a que trop duré !
– AB. LAHOUARI