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ALG (F) : Farid Benstiti «Il faut faire des choses simples et réalisables»

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Qui mieux que Farid Benstiti pour donner un éclairage sur le football féminin en Algérie à travers le prisme de la sélection nationale dont il est le premier responsable depuis plus d’une année ainsi que sa position privilégiée pour son vécu et ses connaissances de ce football qui se cherche toujours.

Question :  Cela fait plus d’une année que vous êtes à la tête de la sélection nationale féminine A, quel bilan faites-vous jusque-là et surtout avec une qualification méritée pour la prochaine CAN ?

Le bilan est plutôt positif d’abord parce que la qualification à la CÀN 24 est acquise, mais pas seulement. Le contenu aussi est assez positif : les joueuses ont bien intégré le projet sportif en général avec un projet de jeu qui semble bien s’appuyer sur les forces de notre effectif. À la fois le jeu de possession qui est efficace, mais surtout l’harmonie entre bien conserver et la pris e de risque pour se projeter vers l’avant semble bien intégré. Défensivement, le bloc positionné en général assez haut a donné de la confiance à l’ensemble des joueuses ce qui nous a permis de créer des situations plutôt tranchantes dans le camp adverse. Enfin, nos coups de pied arrêtés avec Marine Dafeur excellente dans ce domaine nous permet aujourd’hui d’avoir une arme supplémentaire au niveau international, critère indispensable pour gagner des matchs.’’

En évoquant la CAN, comment s’annonce la dernière ligne droite en matière de préparation ?

La CAN d’abord, nous l’aborderons avec enthousiasme puisque beaucoup d’entre nous, staff et joueuses, seront novices dans cette compétition. Ensuite, tout dépendra des adversaires dans notre groupe et nous pourrons objectivement nous projeter. ⁠Enfin, nous n’irons pas à la CAN pour faire les figurants et servir de punching-ball à nos adversaires. J’accepte que nous ne soyons qu’outsiders, mais je considère que nous serons un bon outsider. Mais une chose reste très importante, il y aura de manière mécanique cette place du meilleur troisième qui sera aussi un objectif au cas où. Car passer les poules reste l’objectif principal de départ pour notre équipe, ensuite tout sera possible. Nous serons à ce moment un adversaire difficile à manœuvrer. Nous ne négligeons aucune porte d’accès aux quarts de finale. Nous préparons pour l’instant de manière positive.’

Notre sélection s’appuie essentiellement sur des joueuses évoluant à l’étranger, est-ce à dire que nous avons des chances d’aller très loin à la CAN ?

Notre équipe nationale en effet s’appuie sur les meilleures, mais pas seulement. Et s’il faut chercher et sélectionner une algérienne meilleure qu’une autre où qu’elle vive, il faut le faire pour le bien de nos équipes nationales. Nous avons pu aussi régulièrement intégrer certaines qui évoluent en Algérie, mais je l’avoue avec honnêteté ce n’est pas suffisant. Je souhaiterai faire plus, mais si on reste objectif par rapport à une équipe très compétitive, je suis dans l’obligation d’avoir des joueuses pour l’instant qui évoluent à l’étranger. Toutefois, des éléments comme Ayadi, Benaichouche, Alouache, et autre Bahri restent vraiment dans la course pour participer à la CAN car elles ont un potentiel. Je leur demande d’être encore plus exigeante pour avoir cette chance de rester dans le groupe. Ça ne peut passer que par l’intensité de l’entraînement en club, collectif et individuel.

Ou situez-vous notre équipe nationale 

Pour répondre à votre question sur notre hypothétique parcours à la CAN, je dirais comme évoqué plus haut que notre équipe est à une place d’outsider et c’est la réalité des dernières saisons qui classe notre équipe d’Algérie loin derrière les ténors que sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Maroc.

Le football féminin en Afrique est-il en progression

L’Afrique et son football féminin ont fait un bon incroyable ces 10 dernières années alors que nous, nous restons à la traîne. Le Sénégal, l’Ouganda, la Namibie et le Ghana sont de redoutables adversaires aujourd’hui. Ce sont des nations qui ont travaillé et ce depuis longtemps en considérant que leur équipe nationale est une entité importante de leur football.

Où on est-on avec les catégories de jeunes 

On a commencé à reconstruire, avec les équipes féminines U17, U20 et seniors. Alors oui, si nous nous appuyions sur les joueuses évoluant à l’étranger c’est pour avoir un gain, technique, athlétique et mental car nous aurons besoin de ces 3 facteurs pour rivaliser et aller chercher quelque chose. J’ai pour objectif d’avoir le meilleur rendement possible pour le meilleur résultat possible.’’

Vous avez également un œil sur les jeunes sélections, peut-on dire qu’il y a un bon potentiel pour l’avenir ?

Il faudra aussi compter sur les meilleures algériennes comme pour les A qui évoluent à l’étranger jusqu’à cette décision de changer notre formation et l’augmentation du nombre de licenciés en Algérie. Sans ça nous ne pourrons être réellement compétitifs. C’est pourquoi le temps que ces deux paramètres soient réunis, nous avons la chance d’avoir des algériennes d’exception qui évoluent en France, en particulier, et qui veulent jouer pour l’Algérie. Par exemple, nous venons de perdre 2 ou 3 joueuses U17 qui avaient opté pour notre équipe nationale, mais comme nous avons un peu tardé elles ont été arrachées par l’équipe de France.

Nos jeunes locaux ont un certain retard. Comment y remédier ? 

Nos jeunes qui évoluent en Algérie ne bénéficient pas de sept entraînements par semaine, de structures d’entraînement dédiées, et de prise en charge complète (médical, psychologique, athlétique et scolaire). Mais surtout d’un championnat très exigeant avec un nombre de matchs très important durant une saison. Cependant nous avons réussi à intégrer un maximum de joueuses évoluant en Algérie sur la catégorie U17. Mais nous voyons une réelle différence avec les algériennes évoluant à l’étranger. Les U20 aussi seront très compétitives dans l’avenir avec des joueuses qui sont très prometteuses comme Zemma, Guelil, Smits présentes au dernier rassemblement. Sans oublier Bethi et El Hadj qui postulent à une place dans le groupe des A. En somme, je suis assez optimiste car l’Algérie chez les femmes a un énorme réservoir pour pallier au manque de compétitivité pour l’instant. Soyons donc patients.’’

Quelle analyse faites-vous du football féminin en Algérie et quelles sont, selon vous, les voies et moyens pour son développement ?

Le football féminin en Algérie accuse beaucoup de retard. Des décisions importantes devraient être prises par notre DTN pour développer le nombre de licenciés. Le socle doit être fourni car impossible de tirer vers le haut sans nombre. Ensuite, les résultats et la régularité à participer aux compétitions internationales seront la vitrine qui donnera aux jeunes filles de venir au football. Aussi, la réflexion d’aide aux clubs, à travers le matériel pédagogique, les moyens pour constituer un staff, les solutions d’infrastructures, les déplacements, cela permettra d’avoir un projet piloté par la DTN et qui doit voir le jour rapidement. Par ailleurs, le football féminin passera par des éducatrices compétentes dans chaque wilaya formées pour le développement spécifique de clubs, l’accompagnement des clubs féminins existants et leur progression, l’accompagnement pour la réussite d’intégration des sections féminines dans les clubs professionnels masculins (chose qui n’est pas facile puisque vécues à Lyon et Paris).

Le temps presse ne croyez-vous pas ? 

Ces fondamentaux d’une discipline sportive en progression devra aussi passer par l’élite où les meilleures doivent être repérées et réunies afin de travailler ensemble. Ce qui permettra aussi de gagner du temps et être compétitifs dans les compétitions qui avancent plus vite que nous. Un exemple, la FIFA impose dès 2026 une Coupe du monde féminine U17 tous les ans. Il ne faut pas laisser passer le train. Nous devrons même chez les filles répondre présent.’’

Avec votre expérience, votre vécu et vos compétences pensez-vous qu’un jour notre football féminin atteindrait des sommets et gagnerait des titres ?

‘’Oui j’en suis certain. Il faut faire des choses simples et réalisables pour donner l’envie de pratiquer le football. Dans le monde entier c’est ce qui est entrain de se faire. Pourquoi pas chez nous. Mais la régularité dans le projet est la garantie de la réussite dans tous les domaines. Je n’omettrai pas de dire également, que le président de la fédération algérienne de football nourrit de réelles ambitions de développer le football féminin, notamment à travers un accompagnement de la FIFA et la mise en place d’un projet viable par la DTN, en réunissant toutes les compétences autour de ce volet.’’

Que vous inspire le 8 mars, vous qui êtes justement un militant du football féminin ?

La journée dédiée à la femme bien évidemment. Nous avons tous une maman, une fille ou une épouse, une nièce, une amie proche de la famille. Chaque fois que je m’engage pour le meilleur pour les femmes, j’ai toujours une pensée pour toutes celles qui sont si importantes dans nos vies. J’espère que celles qui pratiquent ou pratiqueront le football seront accueillies comme il se doit. On peut rester famille, traditionnel et moderne et respectée, en pratiquant le sport le plus fameux dans le monde, le football.

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