Alors qu’ils formaient le plus important contingent d’internationaux algériens dans un club européen, les Verts de Nice ont subi le joug d’un entraîneur raciste et islamophobe, selon ce qui ressort de l’enquête autour de Christophe Galtier qui sera jugé le 15 du mois en cours.

L’ancien entraîneur de Lille, de Nice et du Paris Saint-Germain, actuellement à Al-Duhaïl comparaîtra à la mi-décembre devant le tribunal de Nice pour des chefs de harcèlement moral et de discrimination à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée. Il encourt trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. A en croire les révélations du journal français de référence L’Equipe, l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille ne portait aucunement dans son cœur les joueurs algériens.
Et c’est là un doux euphémisme tant ce qui a été rapporté hier choque au plus haut point. Ainsi, tout commença au cours d’une discussion lors de laquelle Galtier aurait affirmé que l’équipe devait « tenir compte de la réalité de la ville » et ne pouvait pas compter autant de « Noirs et de musulmans ». « Il m’a dit : “Hier soir, je suis allé au restaurant et tout le monde m’est tombé dessus en disant que nous avons une équipe de Noirs. Il n’y avait aucun argument sportif, mais bien uniquement des arguments religieux ou de couleur de peau », relata, à ce propos dans le fameux courriel qui a tout fait exploser au grand jour, Julien Fournier, l’ancien directeur sportif du club azuréen.

«Atal et Boudaoui, de sales types»

Ladite source médiatique révèle, à ce propos, l’énervement du technicien alors que ce dernier venait d’apprendre, en janvier 2022, que l’international algérien Billal Brahimi avait été recruté. « Encore un musulman, je n’en veux pas, on en a assez », aurait dit Galtier devant son adjoint Frédéric Gioria. Dans sa déposition à la police, ce dernier affirme, en effet, avoir entendu le coach, lors d’un entraînement, qualifier Youcef Atal et Hicham Boudaoui de « sales types ».
« Le pire, ce sont les Algériens », aurait fulminé Galtier, toujours selon le récit de Gioria rapporté hier par l’Equipe. L’entraîneur lui aurait alors dit ne jamais avoir eu de problème avec la religion, sauf avec les Algériens. « Ils sont trop dans l’extrême » accuse l’ancien entraîneur de l’AS Saint-Etienne. Devant les policiers, l’analyste vidéo de l’OGCN, Hachim Ali Mbaé indiquera, de son côté, qu’à l’été 2021 «Galtier n’est pas favorable à l’idée de faire venir Islam Slimani à Nice».

«Le pire, ce sont les Algériens»

«L’entraîneur sait que l’attaquant disputera très probablement la CAN début 2022 sous les couleurs de l’Algérie et ne sera donc pas disponible pour son équipe. Mais il aurait aussi, lors d’une conversation téléphonique, précisé qu’il n’en voulait pas car il allait jeûner pendant le ramadan, qui se déroulera du 1er avril au 1er mai 2022», relate Mbaé. Ce dernier précise : «Galtier jettera finalement son dévolu sur Andy Delort, qui ne fera ni l’un ni l’autre il avait annoncé à l’époque une pause internationale avec l’Algérie pour se consacrer à son nouveau club».
Toujours dans le même registre, Galtier est également accusé d’avoir établi une liste comportant les noms qu’il souhaiterait voir partir mais qui ne concerne que des musulmans, à savoir Atal, Todibo, Boudaoui, entre autres. Le même coach aurait même interpellé directement son responsable par des mots on ne peut plus clair. « Julien, tu n’as toujours pas compris. Moi, je ne veux plus de Noirs ou d’Arabes », lui aurait alors lancé Galtier, selon le témoignage de Fournier à la police. L’ancien entraîneur de Nice envoie même un message dénué de toute nuance.

Atal nie, Boudaoui évoque des pressions

«Julien, Billal se rajoute à la liste de joueurs qui font le ramadan», a-t-il écrit, suite à quoi, le 3 avril 2022, au lendemain d’un match contre Rennes (1-1), Fournier constate que Brahimi n’a pas été retenu dans le groupe. «J’ose espérer que Billal n’est pas sorti de la feuille de match parce qu’il a fait le ramadan . Je n’accepterais pas de prendre en compte le critère de religion dans la construction de l’équipe l’année prochaine», lui répond-il en substance. Interrogé par la police à ce sujet, l’international Youcef Atal a, cependant, expliqué aux enquêteurs avoir seulement entendu des «bruits qui pesaient sur le vestiaire et l’ambiance».
Mais il a affirmé « ne jamais avoir été le témoin direct de propos déplacés de Galtier. Tout juste a-t-il dit avoir été informé qu’il figurait sur la liste des joueurs indésirables que Galtier aurait donnée à Fournier lors de la réunion du 31 mars». Pour sa part, Hicham Boudaoui, également cité, a estimé avoir subi des « pressions», à l’approche du ramadan.

RACHID BELARBI